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Law la créa au capital de ioo millions représentés par 200.000
actions de 500 livres qui devaient être payées en billets d'état. C'est
ainsi que les créanciers de l'Etat devenaient les actionnaires de la nouvelle
compagnie. Or le taux d'intérêt de ces billets était de 4 °/0 que Law
devait répartir comme dividende seulement à partir de la deuxième
année. La Compagnie d'Occident pouvait donc disposer en tout et
pour tout, pour la première année, de l'intérêt payé par l'Etat sur ces
100 millions, c'est-à-dire 4 millions. C'était notablement insuffisant pour
mettre en valeur l'immense territoire de la Louisiane. Néanmoins Law
se mit courageusement à l'œuvre, et c'est à lui que l'on doit l'introduction
en Louisiane de la culture du tabac et celle du cotonnier qui devaient
être plus tard la source d'immenses richesses. La culture du coton fut
lente à donner des résultats, celle du tabac le fut moins, car on constate
que, dès 1719, Law établit une taxe de 25 livres sur l'importation du
tabac en France. Entre temps l'élevage des bestiaux : chevaux, ânes,
mulets, taureaux, moutons, chèvres et porcs n'étaient pas négligé, et
l'exploitation des bois de marine, de teinture, de marqueterie, du riz,
de l'indigo, la culture du mûrier et l'élevage des vers à soie donnaient
de réelles espérances. Si Law avait eu le temps matériel de poursuivre
l'organisation de la colonie, il est hors de doute que les résultats auraient
été rapidement de premier ordre. Or il n'en fut rien, la spéculation entoura
de son mirage de prétendues découvertes de rochers d'émeraude, de
mines d'or et d'argent, dans lesquelles les agioteurs mettaient toutes
leurs espérances alors qu'il eut été plus sûr de faire fond sur les réalités
 de la culture et de l'exploitation rationnelle des richesses agricoles de
la Colonie. La principale difficulté à laquelle s'est heurté Law a été celle
du peuplement de la Louisiane, qui semble avoir été nettement au-dessus
 de ses moyens d'action. Il ne put en effet décider le paysan français à
émigrer pour le Nouveau-Monde et dut avoir recours à un peuplement
forcé dont toute l'horreur se révéla au moment où le système déjà ébranlé
 devait faire face aux attaques pour maintenir la valeur de sa circulation
 fiduciaire.
      Comme l'exploitation de la Louisiane était insuffisante pour maintenir
 le crédit de la nouvelle compagnie, Law lui fit attribuer le monopole du