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trice a été certainement d'augmenter le pouvoir du souverain en étendant
son domaine et en accroissant le nombre des populations sous sa dépen-
dance; le meilleur moyen qu'il préconisa était de développer le commerce.
Or il reconnut que le bonheur des peuples a pour facteur essentiel l'ac-
croissement de la richesse, et que si cette dernière augmente la population
et le commerce suivent la même loi de progression. Donc tout se borne
pour Law à développer la richesse et pour lui il n'y a qu'un moyen :
augmenter le numéraire (i).
      Law a examiné les moyens d'augmentation directe du numéraire,
mais aucun des anciens modes usités ne pouvait donner satisfaction :
En effet, à la défense d'exporter les monnaies et les métaux précieux
correspond fatalement une hausse du change. Les a'térations monétaires
ne font que compromettre le crédit de l'Etat. La limitation légale du taux
de l'intérêt est une impossibilité matérielle. Quant aux mesures prises
pour rendre favorable la balance du commerce elles sont illusoires, car
il est bien difficile de restreindre la consommation des marchandises
étrangères et d'éviter l'entrée en fraude de celles qui ont été prohibées.
     Pour procurer du numéraire à la nation, Law ne voit que l'émission
de billets gagés sur la terre, il prétend qu'ils sont supérieurs à l'or et à
l'argent en ce qu'ils sont d'une création et d'un transport plus faciles (2).
La puissance de circulation est donc beaucoup plus grande, et comme,
plus le numéraire se meut rapidement plus il concourt à l'augmentation
de la fortune individuelle, et par suite de celle de l'Etat, le papier monnaie
est plus avantageux que les espèces métalliques; d'autre part comme il
représente la terre sur laquelle il est hypothéqué, il a une valeur intrin-.
sèque qui n'est pas susceptible de variation comme les espèces monnayées
d'or ou d'argent. Le but que poursuivra donc Law sera de créer une
organisation convenable qui permette de gager le papier-monnaie de
ses émissions et d'émettre ainsi une quantité de billets très supérieure
à celle que lui permettrait l'encaisse métallique de la banque.


    (1) P. Cayla, les Théories de Law, Paris, V. Giard et Briere, 1909.
    (2) J. Law, Considérations sur le Numéraire, ch. VII, p. laietsuiv., dans Œuvres de J. Law, Paris,
Buisson, 1790.