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438 LES DERNIERS CARLOVINGIENS. Carlovingiens, Eudes, Robert et Raoul, sans pouvoir le trans- mettre à leurs descendants. Hugues Capet fut plus heureux, voilà tout. Son plus grand mérite fut d'être le plus fort, n'en déplaise aux auteurs de l'Art de vérifier les dates, qui, à la veille de la Ré- volution, croyaient sa race destinée à remplir le trône de France jusque dans les siècles les plus reculé?. 0 vanité des jugements humains ! Disons toutefois, à la décharge des Rénédictins, qu'ils n'étaient pas toujours aussi injustes à l'égard de Charles. Ainsi, parlant plus loin de son élévation au duché de Lorraine, « on sait, disent- ils, les malheurs de ce prince. Il mourut dans sa prison d'Or- léans, l'an 992. » [Art de vérifier les dates, 2 e édit., p. 630.) En effet, comment Charles aurait-il été coupable en acceptant de son cousin un titre que tout autre bon Français de son temps eût accepté comme lui de grand cœur? Ne transportons pas les hommes du dixième siècle dans le nôtre pour les juger. Laissons- les au milieu de leurs contemporains. Charles avait épousé, suivant Y Art de vérifier les dates : l r Ronne, fille de Ricuin, due de Mosellane, dont il eut Otton, qui lui suc- céda dans le duché de Lorraine, et mourut en 1005, sans laisser de postérité, et deux filles : Gerberge, l'aînée, qui épousa Lam- bert, comte de Louvain, et Ermangarde, la seconde, qui épousa Albert, comte de Namur; 2° Agnès, fille d'Herbart II, comte de Troyes, dont il eut Louis et Charles, qu'on croit nés dans sa pri- son, et qui sont appelés jumeaux dans la chronique de Guillaume Godel (Rec. des Historiens de France, t. X, p. 259). Ces deux der- niers enfants, après la mort de leur père, furent recueillis par Guillaume III, comte de Poitiers, qui prit soin de leur éducation, et les fit reconnaître pour rois de France dans les parties de l'Aquitaine qui dépendaient de lui, comme on le voit par la date d'une charte du cartulaire d'Uzerche en Limosin, qui les nomme concurremment avec Robert, fils de Hugues Capet, « Anno incar- natione Domini sivm ( Dom Mabillon lisait MVIIII) , régnante Roberto, et Ludovico et Carloino. » (Blondel, Geneal. franc, plenior. assert., p. 37.) On ignore, ou du moins on ne sait point avec assurance ce qu'ils devinrent depuis cette époque.