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422                 LA FÊTE DES MàlANCHËS.

des hymnes, des litanies et des antiennes en l'honneur des saints
martyrs; et peut-être même pour célébrer une messe solennelle.
   C'est aussi le même jour qu'on honorait la mémoire de saint
Maurice, tribun de la légion thébéenne, et de ses illustres com-
pagnons et martyrs qui furent sacrifiés par Maximilien.
   La procession ne se fait plus depuis longtemps, mais les céré-
monies religieuses de cette époque de l'année ne sont certaine-
ment pas étrangères à la légende merveilleuse des martyrs.
   Cette légende devint populaire, et le peuple, lui aussi, célébra
la fête à sa manière, à l'imitation des anciennes fêtes de la déesse
Maïa.
   Une jeune fille choisie parmi les plus belles, dit M. Rey [Guide
des étrangers à Tienne), était parée de guirlandes et de fleurs ;
quatre conipngnes ou suivantes la portaient sous un berceau de
verdure dans les différents quartiers de la ville. Les habitants,
souvent pressés par les grâces de son âge, faisaient, à cette in-
nocente troupe, des dons volontaires, ce qui contribuait souvent
à faire durer la cérémonie plusieurs jours de suite.
   Des tioupes se succédaient aussi en entonnant des chansons
moitié naïves, moitié burlesques :
                  " « Voici, voici le joli mois de Mai
                    « Où la rose boutonne, etc. »

   On voit encore à Vienne, chaque année, au commencement du
mois de mai, dans les quartiers aux extrémités de la ville, de
toutes jeunes filles, couronnées de fleurs, assises sous une voûte
de verdure, se placer au coin des rues, pendant qu'une de leurs
compagnes demande aux passants un sou pour la maianche qui
a bien bonne grâce.
  Cette coutume, il faut le reconnaître, disparaît de plus en plus
et il ne restera bientôt de la fête des Merveilles et de la fête des
Maïanches que le souvenir naïf et poétique qui s'y rattache.
                                          ( Journal de Vienne )