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368 ORIGINIÎS PE LUGDUNUM. Rien ainsi n'empêche d'interpréter Ruscin-o par Mons-Clarus ou conspicuus, équivalant à l'Ida des Grecs et des Phryges, à Ya- yarda des Occitaniens. La dissémination de l'élément ros dans la Gaule, de la Loire à la Méditerranée, cependant, n'est le fait des Gaulois ni des Om- bres, leurs devanciers. Cet élément se rencontre dans l'Afrique septentrionale et jusque chez les Arabes. Une race navigatrice, une race établie au bord de la mer intérieure, comme le fut de tout temps la race ligurienne, a pu seule opérer une aussi vaste diffusion des deux côtés de cette mer. En Afrique, on compte : ftus-icada, iîus-adir, i?ws-cinon, i?MS-conia?, /to-Addar (dans El Bekrî Adar); en Arabie, flas-el-Had, le Didymi montes des an- ciens, etc. ; en Europe, le i?MS-einon pyrénéen, et ces autres •fiuscinon situés à portée du Rhône et de ses affluents, chez les Allobroges (1), les Sébusiens (2), les Edues (3), les Séquanes(4); le Mont-Rose (5); les floss-ière, i?os-ard des Dombes, etc. Placer des Ligures hégémones aux bords de la Loire, avant la domination gauloise, est aujourd'hui une nécessité de l'ethno- graphie celtique. Le savant J.-J. Ampère, dans un ouvrage célè bre, a reconnu leurs traces jusque sur le territoire des Turones, au-delà du fleuve central (6). M. A. Maret, qui les a suivies dans (1) Roussillon sur la rive gauche du Rhône, dép. de l'Isère. (2) Rossillon, ancien castel et commune de l'arrondissement de Belley. (3) C'est, comme nous avons dit, le Rossillon de Girart. (4) Près de Voiteur, département du Jura, la pente abrupte d'une montagne porte le nom de Rossillon (Gollut, Mém. hist., liv. IV, c. vin, cité par M. Mignard, Rom. de Gir., 309, eu not.). (5) Pur pléonasme. La succession des idiomes rend innombrables ces manières de parler. Nous disons le lac Léman (lac-lac) ; la rivière Avon (rivière-rivière) ; la forêt de la Sauve, de la Selve (la forêt de la forêt) etc. (6) Ampère dit les Ibères; mais le nom qu'il cite Luccœ, Luccas, Lo- ches, est ligurien: 1° il se retrouve dans Lucca, Lucqucs d'Italie, comme le remarque Ampère lui-même; 2° la forme de l'expression est originale. Au lieu de loucc (Lucc-se, tacc-a), les Basques, représentants des Ibères, disent leskch (teskh-na), lesGr. lech QÂ%-OÇ), les Lat. lo; (ioc-us), les sansc.