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ORIGINES DE LUGPTJNUM. 365 cimes Apennin , le Pen par excellence « Pater Appenni- nus» (1) ; Moruaw, chez Ossian Morue», « grande extrémité ou montagne-, » les Cymr. Mor&era, promontoire, mot à mot « de mer-hauteur » arben, homme puissant, revêtu d'une haute dignité, littéralement « l'élevé, le haut ; » la Sicilienne, ipé- ïixv-ov, Dre-paw-um « trois caps, » etc. (2). (1) Al-pe, Al-pen, A-penn sont des constructions manifestes, plus ou moins altérées, de l'élément pen, précédé de l'art, ar, le, devenu al, comme Alvernia pour Arvernia. Il est à peu près impossible de trouver le radical alp dans le groupe des langues indo-européennes. On rencontre ail/p en erse, tantôt avec le signe de doute, tantôt avec l'obèle de désuétude. L'existence ancienne dans cette langue d'Alban, Albin, Alpin, pour désigner une terre élevée, a fait supposer avec raison que l'introduction à 'ailp y était venue par le contact de la langue romaine ; il a dû en être de même A'alpe qui, dans quelques cantons de l'Allemagne, s'attribue à des pâturages en mon- tagne. Si, à toute force, on voulait chercher un radical alp, il faudrait peut-être le demander avec M. Bergmann (Peupl. primit. de la race de Ja- fète, p. 38) au nom des C/iaiyoes ou Halybvs, des K-arpalhes et de K-alpé ou Alibi, la montagne de Gibraltar. {%) Tri, trois, penn, pointes, extrémités, hauteur; idée rendue chez les Celtes de l'Ibérie par Trileucum « trois roches », dont ces peuples firent le nom du cap la Roque, à l'embouchure du Tage. Suivant des mythogra- phes d'époques assez récentes, Drépane de Sicile tenait le sien de la faulx, SfdiTckiixt, que Saturne y laissa tomber en fuyant, ou, selon certains géo- graphes, de la forme de son port arrondi comme cette faulx j assertions éga- lement erronées, également futiles: 1° l'arme de Saturne n'est tombée ni dans la Drépane de Sicile, ni dans aucune autre ; 2° au siècle où se fon- dait la cité trinacrienne, l'instrument destructeur de Chronos n'avait au- cune similitude avec la faulx que nous mettons dans la main du Temps j cet instrument, alors, était la harpe, épée à deux tranchants, munie d'un appendice latéral, plus ou moins parallèle à la lame, de même que l'angon des Francs et la vraie hallebarde (V. notre ch. 111). Toutes les Drépane de l'antiquité ou leurs ports auraient dû, ce qui n'est pas, présenter la forme d'une harpe. L'île de Corcyre, par exemple, qui porta ce nom de Drépane et qui, certes, n'a pas changé depuis Alcinoûs, est toujours hérissée d'angles. Trois de ces caps, plus remarqués des premiers navigateurs , lui auront valu son vieux topique : tripenn, trepen, drepen « trois extrémités ».