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ÉTUDE SUR L'AFRICAINE. 337 pris? Est-ce un besoin de sa nature de compositeur? Est-ce une crainte de tomber dans le banal? Dans tous les cas, il est très-rare de voir une idée de cet auteur se dérouler na- turellement et simplement ; a peine la forme mélodique est- elle établie qu'il arrive subitement une modulation éloignée, brutale, qui la brise en quelque sorte et donne une sensation d'étonnement pénible. C'est tellement «me habitude chez Meyerber qu'on reconnaît facilement le procédé qui le guide et que l'on finit par prévoir l'instant précis où il tendra à l'oreille ce piège désagréable. Dans l'acte du vaisseau, le premier rôle est aux chœurs d'hommes et de femmes, et le succès dépend du talent des choristes. Or, comme en province le talent des choristes dépend de la manière dont on les paie , et comme on leur donne à peine de quoi vivre, il en résulte que l'acte du vaisseau est un des plus pâles. Malgré un décor très-réussi, malgré une sauvage chanson de Nélusko, les chœurs sont insuffisants, et le niveau des sensations baisse. Je me souviens toujours de l'effet magistral que produisit le chœur des matelots au festival de Dijon ! Mais aussi c'était tout un bataillon choral, parfaitement exercé, et le quatuor solo était chanté par huit orphéonistes d'élite, choisis dans l'excellente Société chorale de Dôle. Et puis M; Ruffrès, leur directeur, avait ralenti un peu le mouvement du quatuor : Foyez-vous Vaurore! et les voix fraîches et bien posées produisaient une sensation ravissante. Au théâtre, où Ton ne ralentît pas, les choristes ont l'air de chanter une polka- mazourke. Enfin, nous touchons à l'acle indien qui est une suite de ravissements. D'abord la marche, si originale, si variée. C'est à la fois bizarre, sauvage, religieux, mystique , guer- rier, dansant, sacerdotal. C'est bien la le défilé d'une race