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462 EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS-DES-ARTS. de l'air et des ombres. Chacun trouve une partie de ces secrets, très-peu les possèdent en entier et les font servir à rendre une idée ou un sentiment. M. Allemand, qui nous rappelle la grande et savante manière de Ruysdael, expose cette année un Crépuscule, petite toile devant laquelle on s'accouderait des heures entières, pour rêver, pour fouiller ces replis de terrains, pour suivre la marche de ces nuages, pour se perdre dans les lointains à perte de vue, et encore est-elle dans une donnée tellement sombre que l'on perd son temps par les jours brumeux à vouloir l'interroger. M. Appianadc superbes fusains. En peinture, j'admire sa Vue de Chanaz, effet de soir, qui réunit au chic d'exécution que pos- sède cet artiste une teinte mélancolique et une scène intéres- sante. M. Bellet du Poizat. Un soleil couchant, sujet complètement nul. Uu coin insignifiant du port d'Amsterdam. Touche brutale et dédaigneuse de tout fini; mais quelle vérité dans ces eaux, dans ce ciel si bien massé ; ciel du nord, lourd et qui recèle la pluie ; ciel véritable que l'on reconnaît. Le brouillard d'automne de M. Ponthus-Cinier est un des plus importants par le choix du site et la correction du style. Il n'y a rien à reprendre, seulement si d'autres abusent du réalisme, M. Ponthus-Cinier s'en éloigne peut-être trop. M. Van Mœr, grand coloriste, n'a envoyé que des pochades. M. Gudin, il faut avoir vu ses marines il y a trente ans. M. Corot, une grande célébrité, se préoccupe peu de la soutenir à Lyon. Sa vue delà forêt de Fontainebleau est sans doute une étude ancienne ex- humée d'un coin obscur de son atelier. Les arbres sont étudiés avec la conscience d'un peintre qui veut se rendre compte de leurs masses principales et de leur charpente, voilà tout ; les terrains ne sont pas faits, il n'y a ni lumière, ni air, ni pittores- que. Les écoles belges et genevoises ont de bonnes pages, les deux de M. Keelhoff surtout. M. Fonville fils est en progrès, et s'il n'a pas encore la science de dessin et la main exercée de son père, du moins on doit reconnaître en lui plus d'observation et moins de tendances au genre décor. Encore un Belge, M. deBeul,