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100         NOTES SUR UN PEUPLE GAULOIS INCONNU.

itineribus cxquisilis , videmus ad Provinciam prseleriri (1). »
   Vers 580, des difficultés s'étant élevées entre les éveques de
Mauricnne et d'Embrun sur les limites respectives de leurs dio-
cèses, le roi Gontrand envoya un de ses généraux pour fixer les
limites et terminer le différend. Parmi ces limites, il en est une
ainsi décrite : « Et a fluminc Baïsdra, quod intrat in Isarnrn flu-
œen, usque ad Berientinumcastrum quod Sabaudia vocatur (2). »
    Enfin ce nom paraît encore sous une forme plus rapprochée
de celle aujourd'hui en usage dans un capitulairc de Charlema-
gne : c'est l'acte de partage de l'empire fait par ce prince entre
ses enfants en 806. On y voit que la Savoie et les pays voisins
avaient été attribués par Charlemagne à son fils Louis le Débon-
naire : « [Pages] MaLisconensem, Lugduncnsum , Sabojam ,
Moriennam, Tarentasiam, Montera Cinisium           Ludovico dilecto
filio nostro delegavimus (3). »
    Nous voyons donner à la Savoie, dans les divers documents que
je viens de citer, trois noms différents, ou pour mieux dire trois
formes différentes du même nom : Sapaudia, Sabaudia, Saboja
ou Saboia, qui servent de transition au nom moderne.
    Si nous rapprochons ces noms de l'ethnique Sebusiani ou Se-
 bagini, fourni parCiccron, nous leur trouvons à lous un grand
air de famille. Il suffit presque de changer dans les deux derniers
mots Ye de la première syliabe en a (et l'on sait combien sont
fréquentes de semblables permutations de lettres) pour obtenir
le dérivé Sabaudia ou Saboja, car il convient de remarquer que
les premiers sont de fait et de droit antérieurs aux seconds. En
effet, ce n'est que lorsque Sa civilisation eut fixé chaque tribu
(nomade, comme tous les peuples primitifs) dans un certain terri-
toire, qu'on a pu donner à ce territoire le nom de la tribu qui
l'occupait. Aussi, sauf les noms collectifs, comme Aquilania,
Gallia, Belgium, César ne eilc-t-il que des noms de peuples. Il


  (1) Sirmond, Opéra varia, t. II, col. 3, et Muratori, Rer. Ual., t. I,
part, 2, p. 115.
  (2) il/cm. de la Soc. acad. de Savoie, t. III, p. 204.
  (3) Recueil des historiens de France, t. I, p. 771.