Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
88                         CHRONIQUE LOCALE.
grandi chaque année, grâce au dévouement de ses fondateurs, à l'intérêt
de sa rédaction, la précision de ses renseignements et sa haute impartialité,
a cessé de paraître en pleine prospérité. Répandu en Suisse, en Italie, on
Allemagne, en Turquie et jusque dans l'extrême Orient, dont il tirait des
dépêches précieuses, il a été entraîné par la dissolution de la Compagnie
des Courtiers pour la soie. « La chute de l'une entraîne naturellement la
chute de l'autre, dit-il dans son dernier numéro du 5 janvier. L'esprit et le
corps périssent en même temps. » Espérons qu'une feuille si utile, si néces-
saire au principal commerce de notre cité n'a pas dit là son dernier mot,
que l'esprit qui l'inspirait lui rendra la vie, et qu'elle reparaîtra sous peu
triomphante d'une crise douloureuse mais passagère.
   — Quant à la petite presse lyonnaise, elle continue à donner de nom-
breux rejetons. Caquet-Bonbec, le Bon Diable, le Sapeur essaient de ra-
masser quelques débris de la succession de défunt Guignol, mais celui-ci
n'a pas laissé d'héritier direct. Il ne suffit pas d'un titre pour faire un
journal, et quoique le public remplisse la salle des Célestins chaque fois
qu'on joue la Vie parisienne, il y a encore trop de bon goût et de dignité
en France pour que les cascades d'un journal à barbe aient un long succès.
   Le Réveil, qui a donné son premier numéro le 13 janvier, est dans de
 toutes autres conditions. Il est sérieux, digne, littéraire, et pour l'honneur
 de la province, on peut lui souhaiter bienvenue et prospérité.
   Nous recommandons aux bibliophiles collectionneurs le Journal de l'Ar-
bresle; oui, nous disons bien, l'Arbresle. Le premier numéro a paru le
5 décembre, le fait est positif.
   — Soyons de notre temps, exposons ; il en restera toujours quelque
chose. A la dernière exposition, nous avons appris que les marrons de Lyon
venaient du Vivarais, le fromage de Gruyère de Ge'x, le meilleur kirsch de
la Forêt-Noire de la Guillotière, et le plus parfait fromage de Hollande de
la Bresse. La ferme modèle de M. Nivière en fournira bientôt le monde
entier. A la prochaine exposition de Paris, nous en verrons bien d'autres.
   — La neige tombe, le Cirque tombe, la gare de la Croix-Rousse tombe,
les serres-chaudes tombent, les ciels-ouverts tombent et les passants aussi.
   Jamais on n'a vu tant de neige à Lyon.
   Au Cirque, le toit des écuries couvrant quatre-vingts chevaux se serait
effondré sur les nobles animaux et les aurait écrasés infailliblement, si un
clown ne l'eût retenu en l'air à la force du poignet.
   Pour plus amples renseignements, voir les journaux sérieux de notre
ville.
                     Et la neige tombait toujours !
                                                       A. V .

                                AIMÉ VINGTRINfER,directeur-gérant.