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                       CHRONIQUE LOCALE.


   J'expose, tu exposes, il expose, nous exposons, vous exposez, que n'ex-
pose-t-on pas ?
   Canards et dindons, poulardes et chapons, fromages qui remuent, cour-
siers rapides, cochons sans jambes, insectes utiles ou inutiles, machines
à coudre et autres, charrues et bœufs, fleurs de nouvelle invention, fruits
récemment baptisés, chiens de tous pays, gros comme le poing ou comme
des ânes, vaches bretonnes à mettre dans un salon, roses inodores, pom-
mes de terre comme des haricots, mais moins bonnes, vins de Bordeaux et
de Brindas, fusils à tuer d'un seul coup un régiment, remèdes à tout gué-
rir, insecticides sans pareils, chaudières qui éclatent toutes'seules, tableaux
de maîlres, plats d'épinards, statues en marbre de Paros ou en pierre de
Tournus, maquettes en terre ou en cire, bas-reliefs en bronze ou en cho-
colat, photographies à couleurs, églises plus ou moins suspendues, tout
s'expose ou est exposé.
  Sont exposés les chevaux qui se couronnaient autrefois, et qui de plus
aujourd'hui se mangent, les voyageurs qui partent sans arriver, les trains
en détresse, les journalistes qui se battent en duel, on en a vu, les villes
qui se trouvent prises une belle nuit sous un mètre de neige, les laitières
qui versent, les bateaux qui sombrent, les toits qui s'enfoncent et les impri-
meurs qui publient des journaux.
   A propos de ces grandes feuilles, une simple coquille a failli mettre hier
le trouble dans la villo.
   Une explication loyale a mis fin à une discussion engagée entre le Cour-
rier de Lyon et le Progrès, disent ces deux journaux qui venaient d'avoir
maille à partir; à une discussion enragée, répète le Salut public qui veut
reproduire la nouvelle et à qui la langue a fourché. Enragée ? s'écrie le
meilleur combattant du Progrès, rétractez-vous, ou, sinon!...
   Heureusement que le Salut s'était rétracté de lui-même vingt-quatre
heures d'avance. Il n'y-aura pas de sang répandu.
   Voilà pourtant des écrivains qui étaient exposés sans le savoir.
   L'Exposition des Amis-des-Arts s'est ouverte le samedi, 12 janvier. Elle
est belle, dit le Courrier ; médiocre, dit le Salut. Notre chroniqueur ar-
tistique vous dira son avis dans notre prochain numéro. Nous croyons,
quant à nous, que les artistes lyonnais ne sont pas restés au-dessous d'eux.
   — Les cours publies continuent àflorir.Toute leçon a des auditeurs. On
ne sait plus ce qui ne s'enseignera pas dans notre ville.
   — A côté de la science, la philanthropie. Décidément, nous nous amé-
liorons. Il vient de se créer une Société protectrice de l'enfance. Article 1 e r ,
le fouet est aboli.
   — Une aulre Société protectrice, mais des animaux, a tenu sa séance
annuelle, le 29 décembre, au Palais des Arts. On a couronné plusieurs co-
chers. Devant l'extension qu'elle prend, la Société a déclaré qu'elle était
tenue à une publicité plus grande. Nous souhaitons succès à cette œuvre
qui a déjà fait beaucoup mais à qui beaucoup reste à faire (voir les tombe-
reaux des marchands de charbon et des balayeurs).
  — Triste nouvelle aux Célestins. M. et M me Lamy nous quittent, de
compagnie avec Tony Seiglet. Y aura-t-il encore des rires joyeux après