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JACQUES DE VINTIMILLE SUITE ( 1 ) . Une caraque avait été disposée pour recevoir le grand- maître et les chevaliers ; mais la crainte de nouveaux excès fut cause que l'embarquement se fit à la bâte et pendant la nuit. Comme Enée emportant ses dieux, les chevaliers sauvèrent du moins ce qu'ils avaient de plus précieux, les reliques des saints, les vases sacrés, les titres de l'Ordre de Saint-Jean. Un grand nombre de Rhodiens, vieillards, femmes, enfants, qui craignaient les représailles de l'ennemi, se jetèrent pêle-mêle dans des bâtiments de moindre importance. Madame de Vin- timille et ses enfants, auxquels il ne restait plus d'autre appui que François et Augustin, frères d'Alexandre, prirent place, avec George de Vauzelles, dans le vaisseau de l'Isle-Adam (2), qui leva l'ancre le 1 er janvier 1523, à cinq heures du matin, escorté d'environ cinquante voiles. C'est dans ce triste appareil, au milieu des pleurs et des gémissements de tout un peuple , que les chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (3) quittèrent, (1) Voir la livraison de décembre 1866. (2) Pierre Palliot, le Parlement de Bourgogne (Dijon, J649, in-folio, à l'arielc Vintimille).— 3. de Vintimille, Discours des hommes illustres de la race des comtes de Vintimille, Palèologues et Lascaris, M S. — Do minique Robert, Histoire généalogique de la maison de Vintimille (Ville- franche, Joseph Ravoux, 1681, petit in-4°) ; et les auteurs déjà cités. (3) On les appelait alors chevaliers de Rhodes, comme on les a appelés depuis chevaliers de Malte.