Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                         POÉSIE.                     7

Oh ! profanation ! oh ! détresse et misère !
On riait, quand chez moi je pleurais solitaire;
Et je n'ai rien reçu, pour prix de tant d'amour, •
Que haine inépuisable et mépris sans retour.
Alors, le cœur rempli de pleurs et de vengeance,
Je voulus oublier les maux de l'existence ;
Ne pouvant être aimé, j'essayai de jouir,
Et pris à pleines mains la coupe du plaisir.

Je cueillis aussitôt toutes les fleurs profanes,
Pour en orner le front des belles courtisanes.
Je goûtai la jeunesse, et l'orgie et le bruit;
Je reposais le jour, et je vivais la nuit;
Par des vins écumants ma lèvre était rougie,
Je n'avais pour soleil qu'un lustre de bougie,
Et mes rêves du cœur ayant été déçus,
J'achetai de l'amour puisqu'on n'en donnait plus.

Horreur! dans cette coupe, où j'éteignais ma vie,
De nectar colorée et de poison remplie,
Esclave sans remords de la blonde Astarté,
Je ne recherchais rien qu'ivresse et volupté ;
Je courais, chaque soir, au temple de l'orgie,
Écraser ma pensée, user mon énergie ;
Et goûtant le plaisir jusque dans son horreur,
Au lieu de l'amollir, j'endurcissais mon cœur.
Et pourtant, dans ces lieux de voluptés brûlantes,
J'ai versé bien des fois des larmes abondantes,
Quand je voyais des yeux hideux, tristes à voir,
Pétiller le matin et s'éteindre le soir,
Ou lorsque devant moi, des femmes au cœur d'ange
Que la Sombre misère entraîna dans la fange
Donnaient à leurs amours le contraste effrayant