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415 Rien n'est plus gracieux qu'une machine locomotive en mou- vement; précédée de son convoi, elle le pousse avec vigueur, célérité, peu de bruit et beaucoup d'effet. Jamais spectacle ne m'a frappé davantage que celui d'un moteur de ce genre, lancé pour la première fois dans la plaine du Forez, sur le che- min de fer de Roanne à St Etienne. Les habitants des cam- pagnes s'arrêtaient stupéfaits à la vue d'un convoi nombreux, filant avec la rapidité d'un navire, par l'impulsion d'une force qu'ils ne connaissaient pas (1), Les troupeaux fuyaient épou- vantés , les chiens hurlaient ; les chevaux seuls la fixaient un moment d'un œil inquiet et partaient subitement au galop dans des directions opposées, comme pour se dérober à la poursuite d'un ennemi. Ces machines sont presque toutes d'origine anglaise ; mais la France ne tardera pas à soutenir une concurrence avanta- geuse avec sa rivale d'outre-mer, et même à l'emporter, ai- dée pat les droits protecteurs dont on vient encore d'entourer cette naissante et belle industrie. Enfin, au fond de la presqu'île que nous parcourons , se trouve une dernière usine , que son odeur corrosive et re- poussante vous annonce long-temps à l'avance. C'est la fa- brique d'acides de M. Claude Perret. Les acides sulfurique , nitrique , hydrochlorique, les produits ammoniacaux, le sulfate de soude, le chlorure de chaux sont les produits qu'elle jette dans le commerce ; on y calcine aussi les pyrites de Chessy (2). Cet établissement est monté sur une vaste échelle. Il est dirigé avec une habileté remarquable (3). M. C. Perret a af- (1) Us ont donné le nom de sorcière à celte machine. (2) M. Perret y a joint un atelier de fabrication de machines à vapeur pour la navigation du Rhône et de la Saône. (3) M. C. Perret possède encore plusieurs autres établissements indus- triels, dirigés avec un égal succès. lia en outre le mérite d'avoir formé aux sciences appliquées ses fils qui le remplacent déjà dans plusieurs fabrica- tions.