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et sentant malgré lui une compassion qu'il dissimule et ré-
prime devant les grandes et éternelles infortunes des damnés.
Le coloris est assorti au lieu et à. la scène, et le dessin a fait
l'admiration des connaisseurs. Nous avons entendu vanter
les raccourcis des trois femmes accroupies comme bien mo-
delés ; et le sentiment poétique qui reste de la vue de ce ta-
bleau , est tel qu'il vous enlève la puissance de le raisonner.
La tête de Yirgile par M. Scheffer était de nulle expression
et mauvaise ; sous le pinceau de M. Flandrin , elle est deve-
nue fort belle et d'une rare mélancolie. Espérons que M. Flan-
drin fera les Lyonnais juges de ses progrès, et que son ta-
bleau figurera à votre prochaine exposition. Que M. Flandrin
travaille encore , qu'il y ait un peu moins de décousu et d'é-
pars dans sa composition , et il fera aussi bien que M. Ingros.
   Après M. Flandrin, le peintre sérieux et poète-, M. Biard,
 le comique le plus naturel que nous connaissions.
   M. Biard a /exposé plusieurs tableaux : Les Banquistes dé-
sappointés par le mauvais temps; la Garde nationale de cam-
pagne défilant devant le maire; le Suisse d'église; un Pein-
tre de portrait et le Branle-Bas. Ces trois premières toiles
ont le mérite d'attirer la foule et de désopiler les rates pari-
siennes ; c'est d'un effet mirifique ; on s'approche et l'on rit ;
on se retourne , et l'on sent d'adroites mains se glissant dans
les poches et changeant la jubilation en désappointement 3
3e plein en vide. Les foulards ont disparu, la tabatière en
or de quelque maire de village , qui lui-même s'épanouis-
sait devant le maire de village de M. Biard , et cherchait à
se reconnaître , est absente pour toujours. C'est vraiment un
succès scandaleux et allarmant pour la morale publique. Un
poste de garde municipale devrait stationner à côté des œu-
vres de M. Biard, afin que la sécurité pût se joindre à l'ad-
miration , et que le plaisir ne fût pas si facilement troublé.
 C'est que vraiment les observations de M. Biard sont telle-
ment fines et vraies, pleines d'un comique si naturel, et
rendues avec tant de justesse , qu'on ne peut lui refuser de