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ser d'une classe à une autre , j'ai toujours monté inter bonos;
car il faut que l'on sache qu'il y avait les eximios, les médio-
cres et les manentes, c'est-à-dire ceux qui devaient rester,
et par conséquent redoubler : je faisais bien mes devoirs, je
savais bien mes leçons; mais on me reprochait, notamment
le jeune Père Lorin, un esprit un peu dissipé.

    « Les événements de la révolution devaient être pour
 beaucoup dans la dissipation d'esprit qu'on se plaignait de
 trouver en moi. Je puis dire qu'à cette époque j'avais les
 yeux ouverts sur tout ce qui se passait ; que tous les mouve-
 ments populaires, même les plus insignifiants, excitaient
 vivement mon attention ; que j'assistais assez fréquemment
 avec quelques camarades, aux séances du fameux club cen-
 tral , qui avaient lieu plusieurs fois la semaine , dans la
 salle d'exercices du collège de l'Oratoire, rue du Pas-Etroit,
 et que nous nous amusions fort des hommes et des femmes
 qui y péroraient, aussi bien que de leurs discours , dont nous
 sentions parfaitement tout le ridicule. Le jour où les vrais amis
 du bien public eurent le courage de se porter à ce club in-
 sensé , d'en chasser les furibonds qui s'y agitaient, de por-
ter aux Brotleaux les bancs , les tables , les chaises , et de les
y brûler, je pris un singulier plaisir à cet auto-da-fé, et je fus
 on ne peut plus fâché de voir les clubistes reprendre le
lendemain possession du local dont on les avait fait déguer-
pir. Je n'ai pas oublié que, de tous les objets qui compo-
saient le mobilier du club central, on n'avait épargné que le
tapis du bureau et le buste en plâtre du citoyen de Genève;
que l'on avait eu le soin de les attacher à l'arbre de la Li-
berté , planté sur la place des Terreaux ; que les clubistes
vinrent les y chercher en triomphe, et qu'en passant devant
le café Grand, où se réunissait l'élite des négociants de Lyon,
ils firent entendre , à plusieurs reprises , les cris bizarres de
vivent les sans-culottes! A bas les honnêtes gens! À quelques
mois de l à , vint éclater la journée du 29 mai 1793 , et certes, '