Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                              848
mes yeux furent alors témoins d'un bien autre spectacle.

    « On ne renverse pas inpunément une monarchie con-
sacrée par douze siècles d'existence. Après la chute du trône,
au 10 août 1792, la division ne tarda pas à se mettre entre les
partisans de la république; la modération des uns et l'exalta-
tion des autres devinrent pour tous des motifs d'accusations
réciproques. En proie aux passions les plus vives, dominés
surtout par un orgueil excessif, aucun des pouvoirs consti-
tués n'eut la force de se maintenir dans les limites assignées
par la loi, et la plus horrible anarchie vint épouvanter la
France et l'Europe.
    « Dès le 10 août 1795, les autorités constituées à Lyon
cessèrent de s'entendre. La municipalité et le conseil général
de la commune formèrent un parti ; le conseil général du dé-
partement, l'administration du district de la ville et celle du
district de la campagne en formèrent un autre ; les actes ar-
bitraires du premier.autorisèrent bientôt la résistance peut-
être illégale du second.
    « Le 26 mai 1793 , les quatre représentants du peuple en-
voyés par la Convention nationale près l'armée des Alpes, se
disposaient à partir de Chambéry pour aller visiter les camps
 et les cantonnements des troupes françaises dans la Taren-
 taise et dans la Maurienne ; ils étaient prêts à monter en voi-
 ture, lorsqu'ils reçoivent de Lyon deux dépêches, l'une venant
 du commissaire ordonnateur des guerres Duchambon, l'au-
 tre du conseil général de la Commune. La première leur an-
 nonçait le pillage d'un magasin de beurre fondu, destiné à
 l'approvisionnement des places de guerre; la seconde leur
 mandait que les aristocrates étaient sur le point d'en venir
 aux mains avec les patriotes, et que la contre-révolution allait
 éclater à Lyon.
    « Cette dépêche du conseil général delà Commune,datée du
 25 mai 1793, était on ne peut plus méchamment calomnieuse.
 Le nombre des aristocrates proprement dits, ou , si l'on veut,