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277 contrainte et de gêne! Us n'étaient pas de ceux qui n'ont de sympathie que pour les victimes du pouvoir ; mais pourtant le cœur de nos Cordeliers fut souvent ému du sort des cap- tifs : ils ne les jugeaient pas , ils les plaignaient. Et quand le hasard des combats , les insinuations des partis , les dé- couvertes de la justice y conduisirent un Louis de Sforce, duc de Milan, un Nemours , un Grollier de Servière, un duc de nos archevêques fixèrent leur résidence à Pierre-Scise. C'est de là que sont datés une foule d'actes , de traités, de transactions , de privilèges , de testa- ments, lettres, mandements , indulgences; c'est là qu'était le dépôt des ar- chives. Les prélats ne venaient qu'aux fêtes solennelles dans leur palais situé près de la cathédrale. En 1468 , louis XI s'empara de Pierre-Scise , et depuis cette époque il est resté , jusqu'à sa destruction, au pouvoir de nos rois. Les archevêques toute- fois en conservaient la nue propriété. Ce ne fut qu'en 1655 qu'il fut vendu à Louis XIII, au prix de cent mille francs, par Alphonse de Richelieu , frère du cardinal de ce nom. De la somme payée par voie d'imposition sur tous les contribuables de la généralité, une moitié fut employée à racheter la terre de Chasselay et à réparer l'hôtel de Lyon à Paris ; l'autre , restée aux mains de Mgr Camille de Neuville , fut affectée aux réparations du palais archié- piscopal. Sous nos rois , Pierre-Scise devint une.prison d'état. Le premier qui y ait été détenu, c'est Jacques d'Armagnac , duc de Nemours , comte de La Mar- che , arrêté par ordre de Louis XI. Louis XII y fit conduire , en 1500 , Louis Sforce , dit le Maure, duc de Milan , et son frère , le cardinal Ascagne , faits prisonniers après la bataille de Novarre. Parmi les autres détenus, on remar- que Henri-Corneille Agrippa, si connu par sa vie aventureuse et ses recher- ches sur la philosophie occulte ; le baron des Adrets (François de Beaumont), «n 15T2 ; Antoine et Imbert de Grollier de Servière en 1389 , le duc de Ne- mours en 1S93 (voir Notice sur Charles Emmanuel de Savoie , duc de Ne . mours, par A. Péricaud. Lyon, Barrel) ; le duc de Bouillon, le grand Ecuyer Cinq-Mars et son ami de Thou , qui furent l'un et l'autre exécutés sur la place des Terreaux , le 12 septembre 1642 ; Philippe de la Molhe Hou- daucourt, en 1644; le comte deGuébriant, vers le commencement du 17e siècle. A l'origine de notre révolution, on y traduisit des prêtres, des nobles et huit officiers du régiment de Royal-Pologne , massacrés à la suite d'une orgie populaire, le 9 septembre 1792. Ce jour là suffit tout seul pour