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  le calme et le silence le plus profond régnent dans leur asile,
 à l'entrée de cet orageux, de ce tumultueux théâtre des in-
 térêts , des ambitions , des tempêtes humaines. A leur porte
 le vieux tombeau des Deux-Amants , salué par les amateurs
 des souvenirs et des constructions antiques. Sur la rive gau-
 che delà Saône, au-dessus du coteau, le fortSt-Jean (1), avec
 ses allures guerrières, posé là comme en contraste avec leurs
 fonctions de prière et de paix. Au-dessus , et presque sur leur
 tète, ils voient se dresser un donjon redouté, Pierre-Scise (2).
 Que de fois il dut leur venir à la pensée de comparer leur de-
 meure à cette demeure, leur servitude à la captivité des pri-
 sonniers, leurs nœuds de choix et d'amour à leurs liens de

    (1) On le nommait ainsi à cause du noble chapitre de St-Jean auquel il
 appartenait. On peut lire dans les archives municipales les nombreuses luttes
 que soutint le chapitre pour s'en conserver la propriété , empêcher qu'il
 ne fit armé par la ville , ou par les gouverneurs de nos rois, etc.
   (2) Nous écrivons trop sérieusement pour réfuter ici la fable populaire qui
 enseigne qu'autrefois Pierre-Scise et St-Jean ne formaient qu'un seul bloc ,
 une seule chaîne de rochers, q u e , pour donner son cours à la Saône, les
Romains firent couper.
   Le roc plongeait dans le Ut de celte rivière.^Vingt ans avant la naissance de
J.-G. , Agrippa, gendre d'Auguste, ayant voulu établir quatre grandes
voies militaires dans les Gaules, dont Lyon était le centre , fit couper la
pointe et les contreforts du massif, pour donner à la route une largeur conve-
nable. De là sans doute le nom de Pierre-Scise, ou Pierre-Encise , Petra
scissa, incisa. (Y. Golonia. ) Avant 1793, le plateau de la montagne était
occupé par un château fort, bordé tout à l'entour d'épaissses murailles.
   Selon toutes les apparences , les Romains y construisirent les premiers une
citadelle. L'année 1157 , les archevêques étant devenus seigneurs « de lout
le corps et cité de Lyon tant dedans que dehors la ville , » Pierre-Scise de-
vint leur propriété. L'on attribue généralement à Renaud de Forez , un de
ces prélats, mort en 1226 , la construction du château : il n'en fut que le
restaurateur. ( Voir le P. Menestrier, Hist. cons., pag. 551 ; Poullin de Lu-
mina, Hist. de l'Egl. de Lyon , pag. 197 ; Calendrier hist. et anecdot. de
Lyon pour l'an 1829.)
  Ce qu'il y a de certain , c'est que , depuis l'époque de cette restauration ,