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276 le calme et le silence le plus profond régnent dans leur asile, à l'entrée de cet orageux, de ce tumultueux théâtre des in- térêts , des ambitions , des tempêtes humaines. A leur porte le vieux tombeau des Deux-Amants , salué par les amateurs des souvenirs et des constructions antiques. Sur la rive gau- che delà Saône, au-dessus du coteau, le fortSt-Jean (1), avec ses allures guerrières, posé là comme en contraste avec leurs fonctions de prière et de paix. Au-dessus , et presque sur leur tète, ils voient se dresser un donjon redouté, Pierre-Scise (2). Que de fois il dut leur venir à la pensée de comparer leur de- meure à cette demeure, leur servitude à la captivité des pri- sonniers, leurs nœuds de choix et d'amour à leurs liens de (1) On le nommait ainsi à cause du noble chapitre de St-Jean auquel il appartenait. On peut lire dans les archives municipales les nombreuses luttes que soutint le chapitre pour s'en conserver la propriété , empêcher qu'il ne fit armé par la ville , ou par les gouverneurs de nos rois, etc. (2) Nous écrivons trop sérieusement pour réfuter ici la fable populaire qui enseigne qu'autrefois Pierre-Scise et St-Jean ne formaient qu'un seul bloc , une seule chaîne de rochers, q u e , pour donner son cours à la Saône, les Romains firent couper. Le roc plongeait dans le Ut de celte rivière.^Vingt ans avant la naissance de J.-G. , Agrippa, gendre d'Auguste, ayant voulu établir quatre grandes voies militaires dans les Gaules, dont Lyon était le centre , fit couper la pointe et les contreforts du massif, pour donner à la route une largeur conve- nable. De là sans doute le nom de Pierre-Scise, ou Pierre-Encise , Petra scissa, incisa. (Y. Golonia. ) Avant 1793, le plateau de la montagne était occupé par un château fort, bordé tout à l'entour d'épaissses murailles. Selon toutes les apparences , les Romains y construisirent les premiers une citadelle. L'année 1157 , les archevêques étant devenus seigneurs « de lout le corps et cité de Lyon tant dedans que dehors la ville , » Pierre-Scise de- vint leur propriété. L'on attribue généralement à Renaud de Forez , un de ces prélats, mort en 1226 , la construction du château : il n'en fut que le restaurateur. ( Voir le P. Menestrier, Hist. cons., pag. 551 ; Poullin de Lu- mina, Hist. de l'Egl. de Lyon , pag. 197 ; Calendrier hist. et anecdot. de Lyon pour l'an 1829.) Ce qu'il y a de certain , c'est que , depuis l'époque de cette restauration ,