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 Le siècle à flols pressés, fuyant loin de sa source ,
 Par un vol invincible, entraînant à la fois
 Armes , clefs, écussons, autels, trônes, lois ;
 Dans ce nivellement des cimes et des plaines,
 Où l'on entend rugir les foudres souterraines ,
 L'homme tremblant, s'arrête aux portes du tombeau,
 Et l'enfant devient homme au sortir du berceau.

 Voici l'heure , écoutez : l'hymne ardent du poète
 S'élance vers le Dieu dont il est l'interprète,
 Et comme Ezéchiel aux champs de Josapha ,
 Il soufle sur le globe en criant : Jehova !

 «   Jehova ! Jehova ! nom sacré, nom mystique ,
 «   De la création trinité symbolique ,
 «   L'espril, la chair, le verbe, au même soufle éclos,
 «   Germes d'enfantement qui partout s'élaborent,
 «   Rayons générateurs dont nos cieux se colorent,
 «   De ce double univers musique sans échos.

 Dans le vivant hymen de l'homme à la nature,
Alphonse, en Dieu pour nous la mort se transfigure.
Tandis que l'occident pleure au loin son soleil ,
Une aube se rallume à l'orient vermeil.
Notre monde renaît des poudres du vieux monde
Ainsi que le phénix de sa cendre féconde.
Il renaît plus brillant, plus pur, plus glorieux,
Comme le Christ martyr pour remonter aux cieux.

Le vent de l'infini gonfle ses blanches voiles
Qu'éclairent au lointain de brillantes étoiles ;
La Mennais, Lamartine, Hugo , Châteaubriant,
Phares de notre voie , éclairs de l'orient ;
Préludes solennels du siècle qui se lève ,
Enfant, mais comme nous déjà bouillant de sève.

Bientôt peut-être, ami, nous aurons notre jour;
Bientôt il jaillira dans la sphère à son tour,
Non plus, rêveur obscur , adorant un symbole,
Mais le front couronné d'une double auréole.

                                      Aug.   GAYET-CESISNA.