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 lablement altérée par des excès, par quelque maladie anté-
 rieure, ou par quelque lésion organique, que pour ceux qui
jouissent habituellement d'une bonne santé.
    Le nombre des ouvriers que j'ai vu réunis ce jour-là sur la'
 place des Cordeliers s'élevait à peine à vingt, il y en avait
 peut-être autant de disséminés aux alentours et qui étaient
 occupés à veiller sur les barricades ou bien à les défendre;
 toutefois le nombre réel de ces derniers était assez difficile à
 préciser. A l'exception de deux ou trois jeunes gens, assez
proprement vêtus et portant des ceintures, cette petite troupe
 se composait d'hommes, pour la plupart très jeunes aussi,
 mais mal vêtus et mal armés; plusieurs étaient coiffés
 du bonnet rouge, et l'on ne remarquait parmi eux aucun chef.
L'un deux, s'apercevant du peu de confiance que j'accordais
à ses paroles, me dit : « Rassure-toi, citoyen, la république,
 « que nous allons avoir, ne sera pas sanglante comme celle
 « de septante-trois! » Du reste ils me parureut assez décon-
certés dès le début. Nous sommes vendus, disaient les uns;
nous manquons d'armes et de munitions, disaient les autres,
et l'on nous tue comme des agneaux.
   Le feu ne fut pourtant pas très animé, pendant la première
journée, sur cette place. Une compagnie de grenadiers com-
mandée par un officier, la traversa sans accident, marchant
avec circonspection et tirant seulement quelques coups de
fusils sans s'arrêter. Durant quelques instants le tocsin cessa
de se faire entendre.
   Le lendemain 10, je me rendis à l'Hôtel-Dieu à huit heures
du matin; et ce ne fut pas sans peine que je pus franchir les
rues et les barricades existantes entre mon domicile et cet
établissement où je trouvai, comme on va en juger, d'autres
devoirs à remplir qui m'obligèrent à y passer la plus grande
partie de mon temps jusqu'au lundi 14.
   Les hôpitaux créés par la munificence des souverains ou
par la charité publique, et destinés à répandre leurs bien-
faits sur tous les hommes indistinctement, quelles que soient