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leurs opinions politiques ou religieuses, les hôpitaux jouissent
au milieu des guerres civiles d'une sorte de neutralité qui leur
est indispensable et qui a quelque chose de sacré. Ouverts
aux hommes de tous les partis, ils deviennent un rendez-vous
général pour quiconque a besoin de secours. Tous ceux qui
sont employés, à quel titre que ce soit, dans ces établisse-
m e n t s , sont en possession d'une espèce de privilège. Ils sont
respectés par les ennemis comme par les amis et protégés
autant que possible dans les excursions qu'ils sont obligés de
faire,même au loin, pour le service de la maison. Nul autre
lieu n'était donc plus convenable que l'hôpital pour être au
courant de ce qui se passait dans les différents quartiers de
la ville. Je profitai de celte position pour jouer le rôle d'obser-
vateur et pour rendre quelques services.
   J e vais raconter ce que j'ai vu et ce que j'ai fait.
  L'Hôtel-Dieu de Lyon, est un des plus considérables hôpitaux
de France; il renferme plus de quinze cents personnes, et sa
destination dans les jours de combat, surtout dans ceux de
troubles civiles, est encore plus importante que dans les temps
ordinaires. Placé en face des batteries établies sur la rive
gauche du Rhône; touchant, par son voisinage et par la con-
tinuité même de ses constructions, à un quartier populeux
qui était un des premiers foyers de l'insurrection, il avait à
redouter à la fois le bombardement, l'incendie et l'invasion
des combattants de l'intérieur. Il fallait pourvoir aux appro-
visionnements journaliers, recevoir et faire soigner conve-
nablement les blessés qui arrivaient de minute en minute (2),

   (2) 222 blessés ont été reçus à l'Hôtel-Dieu depuis le 9 avril jusqu'au
4 mai; sur ce nombre, 90 étaient morts lors de leur entrée , et la moi-
tié au moins de ces derniers n'a pu être reconnue ; plusieurs n'ont été ap-
portés à l'hôpital, qu'après avoir passé les premiers jours dans les ambulan-
ces ou dans leurs domiciles; enfin il en est quelques-uns qui n'ont été blessés
que par erreur ou par accident.
  Il résulte d'un relevé fait sur les registres de l'Hôtel-Bieu , que presque tous
ces blessés appartiennent à la classe des artisans, que 55 sont nés à Lyon , 12