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 râbles basiliques devinrent, le croirait-on ! le type idéal du
 mauvais goût et de l'absurde ! On les a montrées au doigt,
 on les a prises en pitié, parcequ'une révolution s'opérait
 dans la manière de voir en littérature; parceque des Italiens
 qui avaient lu trois pages de Cicéron, ou quatre strophes
 d'Horace, se trouvèrent tout d'un coup convaincus que nos
 ayeux n'avaient rien fait de bon en architecture ; que les
 anciens, nos maîtres en tout, avaient priés dans des tem-
 ples grecs et romains, selon qu'ils étaient grecs ou romains;
 que nous devions en conséquence, nous, Français, Anglais,
 Allemands, adopter d'emblée les sanctuaires de la théocratie
 grecque et romaine; implorer Dieu et les Saints sous les
colonnes du Parthènon, et brûler l'encens mystique sous les
plafonds mesquins d'Olympie et de Sunium. L'effrayant dis-
parate de ces vieilles bâtisses et du culte tout nouveau ne
parût faire aucune sensatiou sur les gens de l'art, et bien
encore moins sur les peuples. Yîte, on construisit de forts
jolis temples avec péristyle et Cella. On planta des forêts de
colonnes ioniques et corinthiennes dans les vieilles forêts de
la Gaule et de la Toscane, à travers les steppes et les ma-
rais de Rome.
   Bacchus céda sa place à St Laurent, St Pierre ou St Loup.
Yénus fut remplacée par la Yierge immaculée ; enfin les trois
Grâces antiques étalèrent leur nudité au milieu d'une sacristie
d'où elles continuent encore à s'offrir aux yeux du célébrant,
lorsqu'il rentre, le calice à la main, courbé sous le Dieu
 qui s'est donné à lui. On ne tarda pas à voir les huiles sa-
crées dans l'amphore du joyeux Horace, l'agneau sans tache
sur un autel votif, et l'eau lustrale dans une tombe veuve
de ses os.
   On arracha à Pestum ses colonnes, au Panthéon d'Âgrippa
sa coupole, au Parthènon ses frises, au temple d'Érecthée ses
chariatidés. Le tout fut couvert d'un attique déterré à Agri-
gente, et la croix sublime du Supplicié Nazaréen s'éleva sur
ce merveilleux assemblage appelant toute la terre au culte