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253 < homme, et d'ailleurs ils craignoient de perdre et l'un et ( u l'autre. Or, durant ces trois sepmaines, ces faux ministres « de Sathan venoyent tous les jours disputer Contre lui (d'au- « très catholiques, les PP. Possevin et Perpinien, entrèrent « plusieurs fois en lice avec Tiret), estimant le convaincre ; « comme il estoit très docte et versé en toutes bonnes lettres, « principalement en la lecture de la Bible (laquelle on tenoit « qu'il sçavoit presque toute par cœur), il les rendoit si muets « qu'ils s'en retoumoyent confus et honteux, et surtout il • « monstroit un cœur généreux et embrazé en la foycatholi- « que, quand le ministre Viret preschoit en la grande chaire (1) « de l'église. Car à tous les articles qu'il preschoit contre la « croyance chrétienne > ce sainct Père G aïe te, qui l'escoutoit « depuis la dicte fenêtre, lui respondoit et crioit tout haut : « Tuas menti, faussaire ! et avec une hardiesse incroyable , « exhortait les auditeurs à ne croire ce que cet imposteur di- te soit, les animant à demeurer fermes en la croyance de « l'église. Durant ces trois sepmaines (chose déplorable à lar- « mes de sang) 5 ces cerbères qui ne cessoient de bêcher, fouir « et lerrailler par tous les coings du couvent, cherchèrent et tant qu'ils trouvèrent là où estoit le corps précieux du sainct « Bonaventure et aultres joyaux de l'église; lors comme chiens « enragés rompirent la châsse, » consumèrent les ossements sacrés sur la place même des Cordeliers , « jetèrent les cen- « dres dans le Rhône (2) et emportèrent toute l'argenterie et « ornements. » Cependant cette sacrilège découverte n'avait fait qu'irriter leur fureur : la moitié du riche trésor qu'ils possédaient enflammait leur convoitise à la recherche de l'au- tre qui leur échappait encore. Mais après de longues, de mi- nutieuses et heureusement d'inutiles recherches, ne comp- tant plus sur le succès , ils consolèrent leur espoir déçu par (1) Elle était, comme en 1739 , placée du côté de I'épUre, en face du pilier auquel on la voit maintenant adossée. (2) Dans son Apparat sacré, Possevin dit que ce fut dans la Saône.