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 < homme, et d'ailleurs ils craignoient de perdre et l'un et
  (
  u l'autre. Or, durant ces trois sepmaines, ces faux ministres
  « de Sathan venoyent tous les jours disputer Contre lui (d'au-
  « très catholiques, les PP. Possevin et Perpinien, entrèrent
  « plusieurs fois en lice avec Tiret), estimant le convaincre ;
  « comme il estoit très docte et versé en toutes bonnes lettres,
  « principalement en la lecture de la Bible (laquelle on tenoit
  « qu'il sçavoit presque toute par cœur), il les rendoit si muets
  « qu'ils s'en retoumoyent confus et honteux, et surtout il
   •
 « monstroit un cœur généreux et embrazé en la foycatholi-
 « que, quand le ministre Viret preschoit en la grande chaire (1)
 « de l'église. Car à tous les articles qu'il preschoit contre la
 « croyance chrétienne > ce sainct Père G aïe te, qui l'escoutoit
  « depuis la dicte fenêtre, lui respondoit et crioit tout haut :
 « Tuas menti, faussaire ! et avec une hardiesse incroyable ,
 « exhortait les auditeurs à ne croire ce que cet imposteur di-
 te soit, les animant à demeurer fermes en la croyance de
 « l'église. Durant ces trois sepmaines (chose déplorable à lar-
 « mes de sang) 5 ces cerbères qui ne cessoient de bêcher, fouir
 « et lerrailler par tous les coings du couvent, cherchèrent
 et tant qu'ils trouvèrent là où estoit le corps précieux du sainct
 « Bonaventure et aultres joyaux de l'église; lors comme chiens
 « enragés rompirent la châsse, » consumèrent les ossements
sacrés sur la place même des Cordeliers , « jetèrent les cen-
« dres dans le Rhône (2) et emportèrent toute l'argenterie et
 « ornements. » Cependant cette sacrilège découverte n'avait
fait qu'irriter leur fureur : la moitié du riche trésor qu'ils
possédaient enflammait leur convoitise à la recherche de l'au-
tre qui leur échappait encore. Mais après de longues, de mi-
nutieuses et heureusement d'inutiles recherches, ne comp-
tant plus sur le succès , ils consolèrent leur espoir déçu par


   (1) Elle était, comme en 1739 , placée du côté de I'épUre, en face du
pilier auquel on la voit maintenant adossée.
   (2) Dans son Apparat sacré, Possevin dit que ce fut dans la Saône.