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, 117 la quitta pour aller professer à Troyes l'éloquence et les bel- les-lettres. Le 12 mai 1776, il prit possession de la chaire de rhétorique à Orléans, et il la remplit jusqu'en 1785. A cette époque, les nombreux amis qu'il s'était faits partout, et sa réputation qui commençait à s'étendre , lui firent confier l'é- ducation du prince de Monaco dont il devint ensuite le pen- sionnaire. Mais dans tous les instants dont il était le maître, de ten- dres souvenirs le rappelaient en Provence et à Lyon. Admis dans l'intimité domestique de M. Souchay, il conçut pour la fille de ce négociant instruit une passion qui ne devait s'é- teindre qu'avec sa vie, et que justifiaient les attraits elles vertus de la jeune personne. Doué lui-même des avantages extérieurs (1) et des qualités de l'esprit et de l'ame, il sut faire partager les sentiments qui l'animaient. Toutes les cir- constances ne furent pas d'abord favorables à l'union désirée, il fallait attendre un moment plus heureux. On se sépare après s'être juré une constance à toute épreuve ; et le professeur, soutenu par de douces espérances, va reprendre le cours de ses exercices littéraires. Cependant une affreuse maladie vient, pendant son absence, menacer les jours de mademoiselle Souchay. Dan précieux de la bonté divine, On t'ignorait alors, bienfaisante vaccine ! Va fléau destructeur , funeste à la beauté, Ternissait d'un souffle empesté Les charmes les plus frais, orgueil de la nature ! Fidèle à l'amour, à l'honneur, Près de l'objet d'une ardeur toujours pure Le troubadour revient....Grands dieux! quelle douleur t Tout est changé dans sa figure, Il ne reconnaît que son cœur. (1) Sa figure était régulière et noble ; il avait les yeux grands , bleus, à fleur de tête , le front élevé, le nez bien fait, la taille bien prise et au des- sus de la médiocre. Son ton était rempli de prévenance et d'affabilité..