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maisons. Depuis quelques années, les illustres habitants des
lieux qui font le sujet ou le prétexte de cette esquisse sont
tombés dans une singulière déconsidération. « Ferney et les
 « Charmettes! s'est-on déjà écrié; c'est essentiellement ri-
« dicule : autant valait dire Voltaire et Rousseau. »
   Je sais qu'on s'est moqué, et souvent à bon droit, de
l'édition Touquet, des dithyrambes philosophiques du Cons-
titutionnel et des éducations à la Jean-Jacques. Je sais que
quelques personnes prétendent que les livres de MM. de
Maistre et de Lamennais, les recherches et les découvertes
de Cuvier , et les progrès des sciences naturelles ont frappé
de mort nos deux philosophes , et avec eux tous les écrivains
penseurs du dix-huitième siècle. Je sais encore que dans un
certain monde, on a inventé l'épithèle de Voltairien pour
 en faire une injure et une raillerie, et qu'on s'amuse à ré-
chauffer de vieux jeux de mots sur le Contrat social. Qu'est-ce
que tout cela prouve, je vous le demande ? Veut-on dire par
là que le dix-neuvième siècle n'est pas le dix-huitième , et que
 nous devons marcher dans d'autres voies? Oh! d'accord;
rien de plus juste et de plus vrai. Mais il ne s'en suit pas que
 les choses du siècle passé n'aient été bonnes et utiles dans
leurs temps, et qu'il faille maintenant les mépriser. Personne
 ne songe aujourd'hui à imiter Corneille et Racine, parce
 que la forme et le fond de l'art dramatique sont devenus
 plus larges et plus populaires : mais personne aussi, que je
 sache, ne s'est avisé de hausser les épaules devant leurs ad-
 mirables tragédies. J'entends beaucoup crier aujourd'hui
 contre la guerre de l'Encyclopédie ; mais il n'y a plus de phi-
 losophes, il n'y a plus d'Encyclopédie, il n'y a plus même
 de queue d'Encyclopédie. Prétendre le contraire, c'est véri-
 tablement vouloir se battre contre des moulins à vent. Du
 dix-huitième siècle, il ne reste que des faits accomplis et sur
 lesquels il n'y a plus à revenir. Toutefois, vous êtes bien
 libres d'exhumer le passé, et de vous en prendre à des causes
  qui, ayant produit leurs effets, ne gouvernent plus le présent.