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péage du pont du Rhône, pour moi et ma jument; eh bien !
soit que je monte ma jument blanche ou ma jument noire,
on ne me fait jamais la moindre difficulté.
La jeune femme n'attendit pas le résultat d'une opinion
ainsi énoncée, elle décida la question en emmenant son
mari.
Je dois avant de passer outre, faire une distinction entre
les abonnés et les habitués ; à cette époque il n'était personne
qui ne s'en rendît compte. L'habitué, se trouvait au parterre
ou au coin de l'orchestre ; l'abonné, dans les premières lo-
ges , et surtout dans les loges d'avant-scène. Le despotisme
siégeait dans ces places privilégiées, et l'indulgence , les en-
couragements et les bons conseils se tenaient sur les bancs les
plus obscurs. Souvent même il y avait lutte entre ces deux
puissances. Rien de cela n'existe maintenant, et tant pis ! l'in-
différence a remplacé ces combats qui animaient les comé-
diens , et tant pis encore ! On n'arrive guères dans les arts, si
l'opinion ne nous compte pour quelque chose. . . . . .
J'ai toujours regardé la ville de Lyon comme la grande
marchande de modes du royaume, et au moindre mouvement
politique, c'était à se moquer de voir les frémissements de
cette riche manufacturière, dont le cœur semblait battre dans
un coffre-fort. . . . . . . . . . . . . . . .
{ Extrait des Mémoires de Fleury, }