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91 péage du pont du Rhône, pour moi et ma jument; eh bien ! soit que je monte ma jument blanche ou ma jument noire, on ne me fait jamais la moindre difficulté. La jeune femme n'attendit pas le résultat d'une opinion ainsi énoncée, elle décida la question en emmenant son mari. Je dois avant de passer outre, faire une distinction entre les abonnés et les habitués ; à cette époque il n'était personne qui ne s'en rendît compte. L'habitué, se trouvait au parterre ou au coin de l'orchestre ; l'abonné, dans les premières lo- ges , et surtout dans les loges d'avant-scène. Le despotisme siégeait dans ces places privilégiées, et l'indulgence , les en- couragements et les bons conseils se tenaient sur les bancs les plus obscurs. Souvent même il y avait lutte entre ces deux puissances. Rien de cela n'existe maintenant, et tant pis ! l'in- différence a remplacé ces combats qui animaient les comé- diens , et tant pis encore ! On n'arrive guères dans les arts, si l'opinion ne nous compte pour quelque chose. . . . . . J'ai toujours regardé la ville de Lyon comme la grande marchande de modes du royaume, et au moindre mouvement politique, c'était à se moquer de voir les frémissements de cette riche manufacturière, dont le cœur semblait battre dans un coffre-fort. . . . . . . . . . . . . . . . { Extrait des Mémoires de Fleury, }