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86 p è r e , se lève furieux; dans l'action, le chien s'échappe ; il court à son jeune maître, flaire les personnages,, flaire la tente , remue joyeusement la queue, et lèche les mains du fils de Thélis. Certes, les chiens pouvaient être de mise chez les Grecs, et tout le monde connaît l'histoire de celui d'Ulysse ; mais les spectateurs, peu touchés des tendres ca- resses de celui-ci, n'en continuent que de plus belle. Les en- trailles paternelles s'émeuvent, le Cent-Suisse ne peut se contenir, il tire son épée, il va y avoir du sang répandu..,., quand Gaussin s'approche de lui, retient son bras, et avec cet accent qu'on lui connaissait : — E h , Monsieur ! on avait aperçu votre chien, ne compre- nez-vous pas qu'on appelle Tarquin ? Le pauvre père, désarmé, crut d'autant plus cela, que Fleury, embarrassé de la b ê t e , criait du théâtre aussi haut que son rôle : —Sifflez donc, mon père ! sifflez donc ! et le père de se join- dre au chorus général, et de siffler par amour paternel de tou- tes les forces d'un Cent-Sùisse. Depuis, chaque fois que pareille tempête se déchaîne contre un comédien, on nomme cela en langage de coulisse : appe- ler Tarquin (1). On avait donc appelé Tarquin pour moi, qui ne raconte pas ceci sans peine. Les trompettes du jugement dernier ne seront pas plus ter- ribles aux hommes coupables, que ce bruit humiliant ne le fut pour mes oreilles. Certes, la véritable souffrance de notre ébat est là ; c'estlà l'excomunication réelle. Qu'on y songe! c'est vis-à -vis de vous qu'on vous injurie, face à face; et le voir, et l'entendre, et le souffrir! être homme de cœur et ne pouvoir répondre! la punition s'adresse à l'artiste seulement, dit-on, comme si on pouvait séparer l'artiste de l'homme ! On le peut (1) Mà ûiteaant cela se nomme : appeler Asor; on a changé le nom du chien. Tarquin était trop classique. (.Note de l'Editeur.)