page suivante »
n Gustave ; nous remarquerons seulement que M. Auber a bien senti que sa musique ne jouait qu'un second rôle dans cet ouvrage, car il l'a traitée sans façon. Cependant, çà et là il est facile de s'apercevoir que ce rôle secondaire répugne au compositeur : c'est ainsi que les couplets du 2e acte et l'in- troduction du 3 e sont des morceaux remarquables, dans les quels on retrouve M. Auber avec tout son talent. En somme, Gustave est loin d'être une œuvre musicale reçommandable ; la prodigieuse fécondité de l'auteur est une excuse assez bonne de cette médiocrité. Il y a plus d'éloges à accorder à la musique de la Juive, de M. Halévy. Bien que perdue dans les costumes et les décorations, cette musique est pleine d'énergie et de savoir, et il y a dans la par- tition un grand nombre de morceaux du premier ordre. Ce que nous avons admiré, surtout, c'est.la manière ex- cellente dont M. Halevy traite son orchestre* Jamais il n'em- ploie les masses qu'avec discernement, et lorsqu'il convient de placer l'effet musical dans l'instrumentation. Si nous avions à citer, nous parlerions du chœur des bu- veurs , au 1 er acte, et de l'air de Brogny; de tout le second acte, qui est le meilleur de l'ouvrage ; du final du 3 e ; de l'air d'Eléazar au 4 e . Le duo de femmes, dans ce 4 e acte, manque de couleur, et la mélodie, quoique jolie, est peu convenable à la situation ; à notre avis, il fallait du drama- tique et non du joli. Au 5e acte il y a peu de musique, la seule chose remarquable , c'est la symphonie qu'exécute l'or- chestre pendant le défilé du cortège ; il y a là un effet de basse traité avec talent. Ce qu'on peut reprocher à cette partition, c'est de manquer d'originalité et de rappeler trop souvent le genre de Meyer- Béer ; nous autres français, nous aimons mieux un peu pins de mélodie et moins d'effets d'orchestre : heureux qui peut tout réunir! En général, la musique instrumentale de M. Halevy est préférable à sa musique chantée. La réputation