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1-1 Gluck, tout en reconnaissant les incontestables beautés qu'il y a dans ces deux ouvrages; ce qui manque à ces productions, c'est l'intérêt à la première, et les ressources instrumentales à la seconde : ainsi donc, sans être classiques, nous croyons fermement à une révolution musicale comme à la révolution littéraire qui s'opère aujourd'hui. Depuis Molière, on a fait bien peu de bonnes comédies ; notre siècle surtout ne s'est pas montré fécond en ce genre. En revanche, nous avons eu un déluge de Mémoires, depuis les Mémoires de Yidock jusqu'à ceux de Mad. Dubarry, l'his- toire du bagne et celle de la cour : tout cela prouve l'impuis- sance des poètes, et explique ce retour vers la comédie de Molière etdeRegnard, à laquelle on ne peut appliquer ce que nous avons dit à 'Iphigénie et d'Alhalie, car nos deux poètes ont écrit véritablement de l'histoire , et nulle part, ailleurs que chez eux, nous ne trouverons mieuxreprésentés les mœurs et les ridicules de leur temps. La poésie et la musique ont entr'elles une analogie frap- pante ; aussi nous sommes loin de désespérer de l'art : le seul moyen de rendre les masses capables de juger avec goût et discernement, serait peul-êlre de perfectionner l'éducation musicale et de rendre la musique populaire ; et quand nous serons musiciens comme on l'est en Allemagne, aucun peuple ne fournira plus que nous de bons et excellents artistes. Aujourd'hui, pour peu que la crise dure, on accordera des pensions et des croix aux machinistes et aux costumiers, et le musicien sera réduit à prendre le rôle d'un faiseur d'acces- soires. Yoyez dans Gustave, une seule chose domine, écrase tout. Dans Gustave, on ne voit ni Gustave, le roi de Suède» ni un mari trompé, ni une révolution menaçante, on ne voit qu'un galop final, et tous les bravos sont pour l'ordonnateur des ballets; effacez-vous, Scribe et Auber... faites place à mon- sieur Clairanson, c'est à lui que vous devez ici le succès de votre ouvrage ; le peuple ignore votre nom. Nous ne voulons pas ici faire d'analyse : tout le monde a vu