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42 M. le comte de Tournon qui, à peu près dans le même temps, a disparu pour toujours, a laissé dans nos murs un long souvenir d'une courte administration. Il appréciait vos travaux, et il aimait à y coopérer. Sa parole éloquente s'est fait entendre dans celte même enceinte, en une solennité du même genre que celle qui nous réunit aujourd'hui. Élevé aux premières dignités de l'état, il a toujours suivi avec le plus vif intérêt la marche de vos nobles travaux, et quoi- qu'au moment où il a quitté la vie, il ne vous appartînt qu'à titre de correspondant, vous ne devez pas refuser un tribut à sa mémoire. Deux autres pertes vous ont affligés : celles de deux in- dustriels éminents qui ont enrichi leur patrie. Déjà , Mes- sieurs, vous avez nommé Jacquard et Gensoul. C'est de ce dernier seulement que j'esquisserai aujourd'hui le portrait, étant obligé de renvoyer à un autre temps ceux des autres honorables confrères ravis par la mort dans un trop court intervalle. M. Ferdinand Gensoul naquit en 1766, à Connaux, village près de Bagnolles, département du Gard, d'une famille d'éle- veurs devers à soie. Il vint fort jeune à Lyon, où il entra dans la soierie, il acquit de bonne heure quelque fortune. Des malheurs immérités, dont quelques-uns même avait une source honorable, lui firent perdre le fruit de ses travaux. Il quitta la brillante industrie de la soie, et se fit artiste mé- canicien. La nature lui avait départi le génie de la méca- nique. Ami de M. Mollet q u i , pendant un demi-siècle, a en- seigné la physique dans nos murs, et de M. Eynard, qui est aujourd'hui l'un des doyens des physiciens de France, et peut-être de l'Europe, il concourut avec ces deux savants à l'invention d'un instrument pneumatique à l'aide duquel on a mieux connu l'histoire du fluide que nous respirons. Cet instrument est un tube garni d'un piston ; l'air y est com- primé fortement, et il se dégage une quantité de calorique ca- pable d'allumer un corps combustible. On ignorait, avant