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l'amour et l'habitude du travail, un noble courage, un senti-
ment jaloux de l'honneur national!....
    Je reconnais tout cela, et cependant je n'aime pas
Lyon.
    On y étouffe, on y suffoque ; les maisons noires, hautes ,
laides , à sept étages, vous y écrasent, vous cachent le ciel et
la lumière; la boue n'y sèche jamais dans les rues où l'on ne
peut marcher sans se meurtrir les pieds sur des pavés pointus
 empruntés au lit du Rhône ; tout y est sale, et les hôtels et
les logis plus que tout le reste; point de comfort; des bou-
 tiques à peine éclairées — quelques-unes seulement se modè-
 lent aujourd'hui sur celles de Paris , et font des taches écla-
 tantes dans trois ou quatre rues principales ; — point de goût
 dans les constructions ; des bastilles } des châteaux forts pour
 maisons ; Une horrible tristesse partout ; des brouillards fré-
 quents ; une pensée constante qui domine toutes les autres :
 gagner de l'argent, faire des affaires ; les tracasseries de la
 petite ville ; les haines politiques vivaces ; aucun sentiment
 délicat de l'art — car Lyon a un Musée comme les fermiers-
  généraux avaient des galeries, par luxe et non par amour
  éclairé, de la peinture ; —rien enfin de ce qui peut faire dé-
  sirer d'y fixer son séjour quand on n'a point pour but des spé-
  culations commerciales (1). Ce n'est pas qu'à Lyon il n'y ait

    (1) Fort heureusement pour notre cité , il y a dans celle peinture un peu
 d'exagération. M. Jal a vu notre ville à vol d'oiseau et à travers sa primitive
 antipathie. Lyon a progressé en bien des choses depuis que ce spirituel écri-
 vain a quitté pour la première fois nos murs ; il a suivi en cela l'exemple'de
 M. Jal. Le gaz sillonne aujourd'hui nos rues dans tous les sens et prête son
 éblouissante clarté à la plupart de nos quartiers. Le luxe des devantures et
 arrivé à son apogée. La place de l'Herberie, à peine échappée à l'explosion
 des pétards d'Avril, est sortie de ses décombres plus coquette et plus élé-
 gantes que jamais. 11 nous sera facile de compter plus de trois ou quatre rues
 où s'est iutroduit le luxe parisien du Palais-Royal. Les rues Lafoud, Puils-
 Gaillot, Clermont, St-Pierre , St-Côme , St-Dominique, nos places et nos
 quais offrent à chaque pas de somptueux démentis à l'assertion de Boire cri-