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19 l'amour et l'habitude du travail, un noble courage, un senti- ment jaloux de l'honneur national!.... Je reconnais tout cela, et cependant je n'aime pas Lyon. On y étouffe, on y suffoque ; les maisons noires, hautes , laides , à sept étages, vous y écrasent, vous cachent le ciel et la lumière; la boue n'y sèche jamais dans les rues où l'on ne peut marcher sans se meurtrir les pieds sur des pavés pointus empruntés au lit du Rhône ; tout y est sale, et les hôtels et les logis plus que tout le reste; point de comfort; des bou- tiques à peine éclairées — quelques-unes seulement se modè- lent aujourd'hui sur celles de Paris , et font des taches écla- tantes dans trois ou quatre rues principales ; — point de goût dans les constructions ; des bastilles } des châteaux forts pour maisons ; Une horrible tristesse partout ; des brouillards fré- quents ; une pensée constante qui domine toutes les autres : gagner de l'argent, faire des affaires ; les tracasseries de la petite ville ; les haines politiques vivaces ; aucun sentiment délicat de l'art — car Lyon a un Musée comme les fermiers- généraux avaient des galeries, par luxe et non par amour éclairé, de la peinture ; —rien enfin de ce qui peut faire dé- sirer d'y fixer son séjour quand on n'a point pour but des spé- culations commerciales (1). Ce n'est pas qu'à Lyon il n'y ait (1) Fort heureusement pour notre cité , il y a dans celle peinture un peu d'exagération. M. Jal a vu notre ville à vol d'oiseau et à travers sa primitive antipathie. Lyon a progressé en bien des choses depuis que ce spirituel écri- vain a quitté pour la première fois nos murs ; il a suivi en cela l'exemple'de M. Jal. Le gaz sillonne aujourd'hui nos rues dans tous les sens et prête son éblouissante clarté à la plupart de nos quartiers. Le luxe des devantures et arrivé à son apogée. La place de l'Herberie, à peine échappée à l'explosion des pétards d'Avril, est sortie de ses décombres plus coquette et plus élé- gantes que jamais. 11 nous sera facile de compter plus de trois ou quatre rues où s'est iutroduit le luxe parisien du Palais-Royal. Les rues Lafoud, Puils- Gaillot, Clermont, St-Pierre , St-Côme , St-Dominique, nos places et nos quais offrent à chaque pas de somptueux démentis à l'assertion de Boire cri-