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15 mais elles ont une gentillesse, une coquetterie toute parti- culières. Ce sont de jolies rives dont on peut dire qu'elles sont pleines de goût et, d'élégance. . . Nous avons atteint Villefranche l'académique. Une église gothique d'assez belle apparence > quelques maisons dont les façades ornées attestent le bon goût de l'époque de la Renaissance, se trouvent sur notre chemin dans la longue r u e , alternativement colline et vallon, qui traverse la petite ville. Celte r u e , c'est la ville presque entière ; elle est mar- chande, active, populeuse ; des cordes la traversent à la hau- teur des premiers étages des maisons commerçantes ; là pen- dent les échantillons, enseignes flottantes qui appellent le chaland. Ce sont des écheveaux de laine, de vieux morceaux de drap, des articles de bimbeloterie, des paquets d'herbes sèches, que sais-je encore ? tous accrochés à ces drailles comme les vieux cerfs-volants de nos gamins aux cordes des réverbères. Un proverbe de la province lyonnaise caractérise très-bien la route que nous allons suivre : « De Villefran- che à Anse, la plus belle lieue de France, » dit - il avec une prétention de distique qui annonce aussi qu'on a des goûts littéraires dans l'arrondissement. Encore quelques efforts et nous serons à Limonest. Je ne sais ce que je suis destiné à voir dans ce voyage qui commence, mais voici qui est fort beau : à droite les montagnes du Puy-de-Dôme , du Cantal, de la Haute-Loire, qu'un beau soleil éclaire et découpe capricieusement; à gauche et sous moi, la vallée de la Saône, les plaines de Trévoux, la riche verdure des prairies., une foule de villages semés sur cette terre fertile! Là -bas, n'est-ce pas Fontaine avec son port, ses moulins, ses jolies maisons de cam- pagne , ses grandes manufactures ? Oui, c'est bien le petit pays où se passèreut quelques jours de mon enfance ; je le reconnais. Voilà bien le château des Tournelles que j'habi- tais ! voilà ses quatre innocentes tours sous lesquelles étaient