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La hiérarchie politique classait les hommes et la religion
consacrait la hiérarchie.
   Remarquez qu'en ceci, je ne veux pas défendre les an-
ciennes formes politiques ; je signale l'harmonie morale du
temps, ce lien universel qui, enseignant à tous les hommes
des droits et des devoirs pour chaque situation de leur vie,
les cimentait les uns aux autres de façon à en faire un édifice
compact. L'évangile était la clef de voûte, et quoique le
bâtiment fut construit de pierres de toute grosseur, de ma-
tériaux de toute forme et de toute qualité, il s'élevait solide
et majestueux.
   En un mot l'homme valait mieux, partant il était plus
heureux. Il y en a qui le nient : ce sont ceux qui considèrent
la sociélé comme un grand problème algébrique, dans lequel
ils intercalent l'individu comme une quantité. Ils vous cal-
culeront ce qu'il faut qu'un homme gagne ou possède pour
se nourrir, se vêtir, se chauffer, sans tenir compte du pain
quotidien nécessaire à son cœur et à sa tête , et soumettant
les âges passés à leur mesure métrique de bonheur, ils glo-
rifieront la supériorité du siècle actuel.
   II se peut qu'aujourd'hui, un plus grand nombre de gens
soient mieux nourris, mieux velus , mieux chauffés ; deman-
dez-leur s'ils sont plus heureux ? S'ils vivent satisfaits de leur
lot? Voilà la question.
    Si chacun possédait le sien sans désirer plus, verrions-
nous s'agiter de tous côlés l'insatiable avidité de l'ambition ?
 Verrions-nous le sol de la nature, devenu un champ d'agio-
tage , où l'on trafique des plus saintes choses ? La conscience,
l'honneur, l'amitié, se vendre à l'encan comme d'ignobles
 marchandises. Non! non! rien de pur, rien d'honnête ne sau-
 rait rester debout, quand la foi et la conscience ont déserté
 la garde des mauvaises passions !
    Pourquoi celui qui ne croit plus au commandement de la
 mortification de la chair ne lâcherait-il pas la bride à ses
 appétits? Le lpcatairc qui quitte la maison qu'il a habitée,