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224 LA R E V U E LYONNAISE la pensée d'une tentative de cette nature. C'est d'un véritable apostolat que la Revue s'est chargée ; elle veut porter partout la bonne parole. Puisse donc la foule accourir près d'elle, se suspendre à ses lèvres, abjurer ses erreurs et pro- clamer avec elle, urbi et orbi, que notre art national est le plus beau qui soit sorti du génie de l'homme que la foi inspire et soutient. X. X. DRAMES PIEUX POUR LES JEUNES FILLES, par J. nu MOULIN. Tulle, imprimerie .Jean Mazeyrie, 1884. C'est un vieil usage de clore l'année scolaire par quelque représentation dra- matique. L'Université s'en abstient; les collèges catholiques, pour des raisons autres, le suivent très volontiers. Le théâtre « écolier » (j'emploie ce terme faute d'un autre mot à mon souhait), a du bon sans doute: sinon le P. du Cerceau jadis, le P. de Longhaye naguère eussent-ils composé ces pièces qui passent pour les modèles du genre? EtM me de Maintenon eût-elle demandé à Racine Esther et Athalie? Le théâtre écolier est donc louable, j'entends un théâtre suffisamment conforme aux règles de l'art, entièrement docile, surtout, à la doctrine et à la morale. Une condition encore, c'est de faire parler aux enfants le langage de la nature. Tâche difficile! On ne s'en douterait pas à lire l'Å“uvre de J. du Moulin. D'autres s'y sont entrepris avec bonheur; et nous devons à feu l'abbé Laubie, à M. le chanoine Soullier, à M. J. Massoulier, à M. l'abbé Artiges, etc. (je ne sors pas du Bas-Limousin), plusieurs drames de mérite. Cependant nul ne sur- passe notre J. du Moulin. Son répertoire est nombreux et varié : Résurrection de la fille de Jaire, Moise sauvé des eaux, La dernière journée de Marie-Antoinette dans la prison du Tem -le, La fille deJephté, Clotilde et Tolbiac, etc. Le succès accueille tous ces petits drames, en France, voire en Belgique ; et c'est justice. Il y a là du talent, de l'étude, du cÅ“ur. Le style est franc, limpide, frais, ingénieux, délicat, plein de simplicité partout, et ça et là , de simplesse, ce qui n'est pas précisément un défaut dans un théâtre enfantin. Il faut regretter des scènes superflues, des sorties et des rentrées inopportunes, des rôles qui parlent beaucoup et ne disent pas grand'chose ; les vers aussi (ces pièces sont en prose, mais on y chante volontiers), les vers d ésobéissent trop à la prosodie... toutes peccadilles dont les enfants se moquent, je suppose; et qu'une seconde édition ignorera pour sûr. Et sait-on si ces négligences, ces longueurs, ces inutilités ne sont pas volon- taires? Ces longues causeries sont là peut-être à dessein. On le croirait aisément; ces imperfections, si imperfections il y a, se rapprochent tant de la nature ! Quelle petite fille n'a le verbe abondant, comme une femme qu'elle sera bientôt ? Au surplus, bruit pour bruit et fatigue pour fatigue, on préfère ce gazouillis de li- nottes en cage à tel concert de tams-tams et de chapeaux chinois. Somme toute, voilà une Å“uvre estimable, propre à intéresser, à instruire, Ã