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  amateurs des artistes, servir à la fois les uns et les autres en faisant mieux connaître les
  talents les plus dignes d'être honorés et encouragés, ranimer l'émulation et l'amour
  des arts qui élèvent l'âme et font le charme de la vie ».
        Quel beau programme et combien digne d'être couronné par le succès ! Mais la
  précipitation que l'on avait apportée à son exécution, le peu de temps, un mois à
  peine, que l'on avait consacré à recueillir les pièces exposées, avaient quelque peu nui
  au succès de cette entreprise et le catalogue lui-même constate que cette exposition a
  été faite tellement à la hâte qu'on ne peut guère la regarder que comme un essai.
  Toutefois, il ajoute que l'indulgence avec laquelle on a daigné l'accueillir donne lieu
  d'espérer que les expositions des années suivantes deviendront vraiment utiles et
  auront un succès marqué. Notons également qu'il constate qu'on n'a pu réunir cette
  année qu'un très petit nombre d'échantillons d'étoffes, mais qu'il y a lieu de croire que
  cette division si intéressante pour notre ville sera plus nombreuse et plus variée à
 l'avenir.
        Ainsi donc, le premier salon des beaux-arts qui ait été organisé dans notre cité
 comprenait déjà une section d'art décoratif où figuraient des spécimens de notre
 industrie locale et plus particulièrement de la Fabrique lyonnaise.
        Ce n'était point cependant que cette exposition présentât à ses visiteurs un
 nombre considérable d'oeuvres de tous genres. Le catalogue ne comprend guère que
 39 numéros pour la peinture, 16 pour la sculpture, 28 pour les dessins, 25 pour la
 gravure, 1 pour l'orfèvrerie et 1 pour les étoffes. Ce sont là, certes, des chiffres bien
 modestes si on les compare aux centaines de numéros que comportent aujourd'hui les
 catalogues de nos expositions d'automne et de printemps.
       Est-ce à dire que l'intérêt en était moindre et l'art, l'art véritable, plus médiocre-
 ment représenté i II serait téméraire de l'affirmer en voyant quels artistes figuraient à
 ce premier salon lyonnais.
       Tout d'abord une remarque est à faire. Le Salon de 1786 n'excluait point les
 artistes décédés même depuis de nombreuses années, et nous pouvons relever sur le
 catalogue les noms depuis longtemps célèbres du Titien, du Corrège et du Caravage,
 ceux de Boucher et de Watteau, et ceux de Lyonnais illustres, le graveur Jean Audran
et le sculpteur Marc Chabry.
       Parmi les trente-neuf peintures exposées, nous signalerons un portrait del'Arioste
par le Titien, un tableau d'architecture par Servandoni, une tête de caractère par
Nonnotte, peintre du roi et de la ville de Lyon, décédé l'année précédente, un tableau
représentant un homme qui souffle sur un bouillon, par Jean-Jacques de Boissieu
que le catalogue qualifie modestement d'amateur, sept toiles de Bidault, dont une vue
de la cascade de Tivoli et neuf d'un M. Eisen, « établi à Lyon », qui est probablement
le fils aîné de Charles Eisen le prestigieux illustrateur des contes de La Fontaine et des
métamorphoses d'Ovide.
       Dans la section de sculpture, Chinard, qui venait de remporter le premier prix de
l'Académie de Rome, exposait trois reproductions d'oeuvres antiques et quatre petites
figures en terre cuite représentant les saisons ; Clément, professeur à l'Ecole royale de