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— 566 — amateurs des artistes, servir à la fois les uns et les autres en faisant mieux connaître les talents les plus dignes d'être honorés et encouragés, ranimer l'émulation et l'amour des arts qui élèvent l'âme et font le charme de la vie ». Quel beau programme et combien digne d'être couronné par le succès ! Mais la précipitation que l'on avait apportée à son exécution, le peu de temps, un mois à peine, que l'on avait consacré à recueillir les pièces exposées, avaient quelque peu nui au succès de cette entreprise et le catalogue lui-même constate que cette exposition a été faite tellement à la hâte qu'on ne peut guère la regarder que comme un essai. Toutefois, il ajoute que l'indulgence avec laquelle on a daigné l'accueillir donne lieu d'espérer que les expositions des années suivantes deviendront vraiment utiles et auront un succès marqué. Notons également qu'il constate qu'on n'a pu réunir cette année qu'un très petit nombre d'échantillons d'étoffes, mais qu'il y a lieu de croire que cette division si intéressante pour notre ville sera plus nombreuse et plus variée à l'avenir. Ainsi donc, le premier salon des beaux-arts qui ait été organisé dans notre cité comprenait déjà une section d'art décoratif où figuraient des spécimens de notre industrie locale et plus particulièrement de la Fabrique lyonnaise. Ce n'était point cependant que cette exposition présentât à ses visiteurs un nombre considérable d'oeuvres de tous genres. Le catalogue ne comprend guère que 39 numéros pour la peinture, 16 pour la sculpture, 28 pour les dessins, 25 pour la gravure, 1 pour l'orfèvrerie et 1 pour les étoffes. Ce sont là , certes, des chiffres bien modestes si on les compare aux centaines de numéros que comportent aujourd'hui les catalogues de nos expositions d'automne et de printemps. Est-ce à dire que l'intérêt en était moindre et l'art, l'art véritable, plus médiocre- ment représenté i II serait téméraire de l'affirmer en voyant quels artistes figuraient à ce premier salon lyonnais. Tout d'abord une remarque est à faire. Le Salon de 1786 n'excluait point les artistes décédés même depuis de nombreuses années, et nous pouvons relever sur le catalogue les noms depuis longtemps célèbres du Titien, du Corrège et du Caravage, ceux de Boucher et de Watteau, et ceux de Lyonnais illustres, le graveur Jean Audran et le sculpteur Marc Chabry. Parmi les trente-neuf peintures exposées, nous signalerons un portrait del'Arioste par le Titien, un tableau d'architecture par Servandoni, une tête de caractère par Nonnotte, peintre du roi et de la ville de Lyon, décédé l'année précédente, un tableau représentant un homme qui souffle sur un bouillon, par Jean-Jacques de Boissieu que le catalogue qualifie modestement d'amateur, sept toiles de Bidault, dont une vue de la cascade de Tivoli et neuf d'un M. Eisen, « établi à Lyon », qui est probablement le fils aîné de Charles Eisen le prestigieux illustrateur des contes de La Fontaine et des métamorphoses d'Ovide. Dans la section de sculpture, Chinard, qui venait de remporter le premier prix de l'Académie de Rome, exposait trois reproductions d'oeuvres antiques et quatre petites figures en terre cuite représentant les saisons ; Clément, professeur à l'Ecole royale de