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n'offre que quatre livrées, et l'on sait que cet empereur en fit ajouter deux
aux précédentes, la pourpre et la dorée ». Il n'était pas besoin de démontrer
que la mosaïque n'est pas antérieure à Auguste : avant Auguste, et même
sans nul doute sous son règne, l'actuel quartier d'Ainay ne comptait que
des constructions trop simples et trop pauvres pour avoir de tels pavements,
les canabae, huttes ou baraques, dont le nom lui resta, même après qu'il se
fut couvert de riches habitations. Mais Artaud, nous venons de le voir, y
situait le temple d'Auguste et ses dépendances, c'est-à-dire de beaux édifi-
ces qui existaient déjà au début de notre ère. Quant à la raison que l'innova-
tion de Domitien lui fournit d'affirmer que la mosaïque n'est pas postérieure
à cet empereur, elle est de valeur nulle. Les deux nouvelles factions, la
purpurata et Vaurea, n'eurent qu'une existence éphémère ; Domitien une
fois mort, il n'en est plus question. Nous avons, par contre, une raison
excellente de croire que notre mosaïque ne remonte pas à l'époque augus-
téenne, ce qui veut dire au premier siècle de l'ère chrétienne : la nature du
tableau central et ses dimensions relativement à celles de la bordure T. Au
premier siècle, les tableaux sont des pièces de rapport, des emblemata,
établis sur dalles de marbre ou de brique, en très petites pierres, très variées
de forme (opus vermiculatum), puis encastrés dans un pavement décoratif
fait de cubes plus gros (opus tessellatum), ce pavement couvrant une surface
beaucoup plus vaste que celle de Yemblema ou des emblemata qu'il contient.
Au début de l'époque antoninienné, le vermiculatum et le tessellatum se
mélangent, le tableau n'est plus une pièce de rapport, il s'agrandit aux
dépens du décor ornemental qui l'encadre et il le réduit à une simple bor-
dure. Tels sont bien les caractères de notre mosaïque. Elle fut composée,
selon toute vraisemblance, dans la première moitié du second siècle. Plus
tard, et surtout à partir des Sévères, c'est de nouveau le décor ornemental
qui s'agrandit aux dépens du tableau, qu'il rétrécit, qu'il pénètre même et
morcelle. La suite de ces études nous fera connaître plusieurs spécimens
remarquables de cette espèce. Sous les premiers Antonins, la virtuosité des
mosaïstes romains est très grande ; elle dépasse parfois celle des maîtres de

     i. Voir Gauckler, article « Musivum », dans le Dieu des ant. gr, et rom., p. 2.096 et suiv. — L'encadre-
ment de notre tableau était un peu plus large à l'origine qu'aujourd'hui, puisqu'à l'extérieur il y avait, d'après
le témoignage d'Artaud, « une grecque ou méandre ».