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— 484 — puis un filet blanc de trois pierres, une grande tresse, un autre filet pareil. Le tableau principal représente, non pas un cirque tout entier — les monu- ments où l'on voit l'ensemble d'un cirque avec les gradins des spectateurs sont très rares —, mais seulement l'arène avec Y oppidum, c'est-à -dire avec la partie de l'édifice qui contenait, au rez-de-chaussée, les remises des chars ou carceres et, au-dessus, la loge (pulvinar) du président des jeux. Encore faut-il remarquer que, dans la réalité, cette partie du cirque reposait, non pas comme ici sur un rectangle, mais sur une base dont les deux grands côtés étaient des lignes droites parallèles, le petit côté de Y oppidum une ligne légèrement concave, l'autre petit côté une demi-circonférence. Cette double déformation de la réalité est normale dans les monuments figurés. Le côté de Y oppidum y occupe d'ordinaire la gauche, comme dans notre mosaïque. Mais il est ici en charpente, non en maçonnerie, singularité sans autre exemple, je crois. Au milieu du rez-de-chaussée s'ouvre la grande entrée, la porta pompae, par laquelle pénétrait dans le cirque la procession religieuse qui précédait les jeux. Deux piliers la limitaient ; celui de gauche a disparu, compris dans une lacune étroite qui se prolonge en fissure jusque sous le vase du rinceau. Devant le pilier droit se tenait debout un piéton, dont il ne reste que la tête coiffée d'une calotte rouge et les jambes vêtues de braies bleues. «Il est à présumer, conjecture Artaud, que c'était l'inspecteur des jeux ou le héraut qui devait proclamer le vainqueur ». Aucune autre repré- sentation ne comporte un personnage qui lui corresponde exactement. A droite et à gauche de l'entrée, il y a quatre carceres, en tout huit, nombre égal à celui des chars qui courent sur la piste, mais nombre anormal dont je ne connais que deux autres exemples *. Le nombre varie dans lea monu- ments ; dans les cirques de Rome il était de douze à la fin de l'époque impé- riale et même, sans doute, dès le temps de Domitien, mais probablement de huit jusqu'à cet empereur, les quatre remises de droite servant pour le départ des quatre chars qui composaient une course normale, et les quatre de gauche pour leur arrivée ; ce qui n'est point le cas dans notre mosaïque. i. Voir Zangemeister, p. 237. Ces deux monuments, un relief et une lampe, qui ne représentent qu'une moitié du cirque, ont quatre carceres. Zangemeister affirme faussement que le cirque du relief de Foligno n'en avait que huit. Il n'y en a que huit sur le relief, mais il ne représente pas toute la façade de Voppidum ; cf. la planche LM.