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se maintenaient. J'ai vu plusieurs révoltes d'ouvriers de la fabrique des étoffes de
soie et de la chapellerie. Toutes furent apaisées sans l'intervention de la troupe
de ligne, et ce ne fut qu'après la dernière, peu d'années avant 1789, que le gouver-
nement mit en garnison à Lyon l'infanterie de la légion des Vosges, commandée
par M. de Précy, son lieutenant-colonel. L'estime et la considération méritées
que M. de Précy s'attira alors, le firent ensuite appeler au commandement de
l'insurrection lyonnaise.
      Je parierais volontiers que la totalité ou la majeure partie des Lyonnais du
siècle présent ignore que, de temps immémorial, les vidanges de fosses d'aisance
étaient jetées dans les deux rivières. Ce qui rendait la mauvaise odeur et la malpro-
preté insupportables dans toutes les rues aboutissant aux quais. Dans l'été il fallait,
à dix heures du soir, fermer les croisées, et se priver ainsi de l'air frais de la nuit.
      Il y a environ 70 ans qu'un habitant de Lyon, M. Laborée, eut l'heureuse idée
d'utiliser ces vidanges. Il prit à ferme le domaine de la Buire et les y employa comme
engrais. Son essai obtint le plus grand succès ; et fut bientôt imité par tous les culti-
vateurs des environs, et surtout des communes de Villeurbanne, Bron, etc. Il faut
reconnaître hautement que M. Laborée mérita bien de sa patrie en la délivrant d'un
foyer d'infection et de malpropreté, et en rendant un service capital à l'agriculture.
Il n'y a jamais eu d'expression publique de reconnaissance envers M. Laborée ;
je crois être le premier organe de cette reconnaissance.
      Avant la Révolution, toutes les années il y avait un feu de joie sur le pont du
Change, la veille de la fête de saint Jean-Baptiste. Avant l'invention de la poudre
à canon, on se contentait de brûler quelques fagots ; plus tard, on tira des feux
d'artifice, terminés par l'incendie d'un édifice en bois, dont les batelets se disputaient
les débris au-dessous du pont. La ville était amplement dédommagée des frais
de ces réjouissances par l'immense concours de curieux qu'ils attiraient des villes
et des villages des environs.
     Parlons enfin de la harangue qui, de toute ancienneté, se débitait le jour de
la Saint-Thomas dans la grande salle de l'Hôtel-de-Ville. L'Annuaire de la ville
de Lyon, 2e partie, ne manque pas de faire mention de cette cérémonie annuelle
et de nommer les orateurs qui y ont été entendus.
      La salle était décorée du portrait du roi, de la famille royale et sans doute
aussi du gouverneur des provinces du Lyonnais, Forez et Beaujolais, et d'autres
grands personnages. L'orateur adressait un compliment à chacun de ces portraits,
et prononçait ensuite un discours sur un sujet de moralité, de droit ou de littérature,
ad libitum. Le consulat lui donnait à dîner, lui offrait un cadeau, et le soir, au théâtre,
on le présentait au public dans la loge consulaire. Dans ma jeunesse cette cérémonie
passait presque inaperçue. Je n'ai pas besoin de dire que toutes les autorités mili-
taires, judiciaires et administratives y étaient invitées.
      Je borne là mes souvenirs ; quoique du siècle passé, ils ne sont pas assez
histoire ancienne pour que je parle des personnages que j'ai vus et connus.
                                                                   C[HARCOTJ.