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cuir, ni avec du goudron, mais possèdent une ressemblance plus ou moins
vague avec la surface de ces matières 24.
     Les procédés de désignation des objets sont les mêmes aujourd'hui
qu'au xn e siècle. Lorsque, à cette époque, il a fallu qualifier le papier de
chiffon véritable pour le distinguer d'une façon très complète du papyrus
ou du parchemin, on a dû l'appeler, comme on l'aurait fait de nos jours,
papier de coton, papier de tissu de coton, papier cotonneux : papyrus
bombycis, papyrus bombacis, bombycina, bambagina, le mot bombax, bam-
bax, désignant le coton dans le latin du moyen âge.
     On a pu également l'appeler, d'une façon très logique, en raison de
sa provenance, papyrus de tissu (en Espagne on l'appelait parchemin
d'étoffe, pergamino de panno, pour le distinguer du parchemin de cuir,
pergamino de cuero). Si les mots italiens bambagino, et bambagia s'appli-
quaient aux tissus et aux fils de coton et ensuite par extension à des tissus
et des fils d'autre nature, il est certain qu'en appelant le papier papyrus
de « bambagino » on créait une source de confusion.
      Nous ne croyons pas d'autre part que l'origine du mot bombycina,
 bambacyna, provienne, comme le dit M. Karabacek, de la ville de Bam-
bych en Syrie, où l'on aurait fabriqué du papier qu'on aurait appelé
charta Bambycina, comme on appelait charta Damascena le papier fabriqué
à Damas. Le papier d'Orient se fabriquait à trop d'endroits pour qu'une
seule localité ait donné son nom au produit en général. Nous croyons
plutôt que ces qualificatifs servaient comme de nos jours à désigner une
qualité spéciale produite primitivement dans les localités indiquées, comme
de nos jours nous disons encore du papier de Hollande, de Chine ou
du Japon.
     Il n'est peut-être pas impossible aussi que le mot bambycina ait
désigné au début du papier de bambou. Cette expression a été utilisée
surtout en Italie, or les papetiers siciliens ont vraisemblablement utilisé
le bambou. Parmi les papiers analysés par les soins de M. Briquet, il
se trouvait un échantillon prélevé sur un diplôme de la Regia Cappellana
Palatina à Palerme, écrit à San Germano en 1139 ; ce papier teint en rouge
n'est ni du chanvre, ni du lin, ni du coton, mais probablement du
bambou.