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           CHRONIQUE DE LA CURIOSITÉ

      Pendant le deuxième trimestre de 1921 de nombreuses ventes se sont succédées
qui, par leur qualité et leur variété, ont attiré les amateurs, lyonnais... et même pari-
siens. La première en date a été celle de la collection Payét. Tout le monde, à Lyon,
connaissait le magasin de l'antiquaire Payet, sur le quai de l'Hôpital ; tous les
amateurs avaient connu M m e Payet, extraordinaire comme goût et comme flair,
extraordinaire aussi comme prix. Je me souviendrai toujours de ma première visite
chez elle ; je commençais à aimer l'ancien, mais j'avais peu de connaissances, et
puis, n'ayant guère d'argent, je n'achetais que des choses modestes ; un jour donc,
j'entrai par hasard et, autant qu'il m'en souvienne, parce que la pluie menaçait ;
je demandai le prix d'une commode Louis XV : 25.000 francs! d'une soupière
de Marseille : 5.000 francs! et le reste à l'avenant. Je sortis un peu effrayé et persuadé
 que j'avais affaire.à une folle!
      Et cependant, si les prix demandés étaient élevés pour cette époque, ils paraî-
traient raisonnables actuellement! M. Payet, qui a hérité du goût de sa mère,
avait décidé de vendre sa collection. Cette vente a été très intéressante, et le Tout
Lyon amateur à défilé devant les vitrines. La Salle des Ventes se trouvant trop
petite (il y avait près de 700 numéros), c'est dans la salle des fêtes de la maison
Berrier et Milliet que cette collection a été dispersée ; pauvre en meubles, elle était
 riche en faïences, porcelaines, objets de vitrine, bronzes, etc.
      Voici les principaux prix : dans les porcelaines de Chine, un petit vase décoré
d'ornements verts sur fond noir, de l'époque Kang-hi, a été adjugé 2.000 francs.
Un autre vase imitant le lapis-lazzuli, 1720 francs. Un autre en céladon vert à décor
de fleurs, 1.300 francs. Une paire de grands plats à décor de dragons bleus sur fond
blanc, 1.000 francs.
      Dans les faïences européennes, signalons tout particulièrement une paire de
petites statuettes (haut, o m. 14) en ancienne faïence fine polychrome de Niderviller,
pièces remarquables de qualité, adjugées 4.300 francs, un grand plat hispano-
mauresque, 1.000 francs. Parmi les Sèvres, une paire de petits cache-pots en pâte
tendre, d'époque Louis XVI, a été adjugée 1.600 francs, une paire de vases
brûle-parfums, de forme ovoïde, également en pâte tendre, d'époque Louis XVI,
a été poussée à 4.800 francs. Ces pièces étaient très belles. Un biscuit en pâte tendre,
la Tendresse, marqué au sigle de Brachard (voir n° 5), a réalisé le prix de 1.600 francs.
      Les pierres et les bois sculptés n'ont pas atteint les prix qu'ils méritaient ; ce
sont des objets qui ne s'adressent qu'à un nombre d'amateurs restreint. Une Vierge
portant l'Enfant, grande statue en pierre fine (Ile-de-France XIVe siècle) a été adjugée
2.500 francs : elle valait beaucoup plus. Sainte Marthe et la Tarasque, statue en