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— 265 — UN PORTRAIT INÉDIT DE BONAPARTE Ce portrait de Bonaparte, conservé à la Bibliothèque de Lyon, fut dessiné par un inconnu nommé Charvet, au théâtre des Célestins, à Lyon, le soir où, pour fêter le retour d'Egypte, on donna sur ce théâtre une pièce improvisée intitulée le Héros de retour. Le texte de cette œuvre de circonstance ne nous est pas parvenu. Il ne faut peut-être pas le regretter. De cette soirée mémorable, parmi l'enthousiasme d'un peuple qui pressentait déjà les douceurs de la servitude, cette image subsiste, œuvre d'un observateur attentif, scrupuleux, plus soucieux de copier exactement que d'idéaliser ; document d'annaliste plutôt que dessin de peintre." Si l'on compare ce crayon au masque dit d'Antommarchi, moulé par le médecin anglais Burton quarante heures après la mort de Napoléon, alors que les chairs déliquescentes laissaient déjà place au squelette, on est frappé de retrouver dans les deux effigies, à vingt-deux ans d'intervalle, les mêmes méplats, la même charpente. L'image véridique laissée par la mort se place à côté de l'image ingénue, exempte de flatterie. Nous pensons que nos lecteurs, quelle que soit leur croyance politique, nous sauront gré de leur faire connaître ce portrait. Je cueille dans une revue italienne cette anecdote : « Pendant la Restauration, dont l'effet se fit sentir jusqu'aux extrêmes confins de l'Empire napoléonien, le curé de Piscille, près de Pérouse, de l'ancien département du Trasimène, avait installé dans son presbytère, en belle place, le buste de l'Em- pereur. Plusieurs visiteurs s'en offusquaient, mais le bon curé de répondre : « Oui, « c'était un excommunié, mais... », et il se touchait le front de l'index ». R. C. / fti't /