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— 256 — Ce n'est pas le lieu de tirer de l'oubli cette Histoire de la Restauration que Lamartine écrivit d'une plume alerte — trois volumes faits en quatre mois, le 3 e et dernier paraissant un an et demi après les deux premiers. Alfred Nettement, un juge non partial, en signale « le talent de style hors ligne » et « le succès éclatant » ; Sainte-Beuve, sévère aux nombreux défauts de l'historien, avoue qu'il a lu les deux premiers volumes avec « plaisir et entraînement » ; Gustave Planche, impitoyable aux faiblesses de cette « improvisation tantôt ingénieuse, tantôt passionnée, trop souvent confuse », admire pourtant les pages consacrées aux Cent-Jours et à Waterloo. A la fin du premier volume se lit un jugement d'ensemble sur Napoléon. Lamartine n'abdique rien de ses sévérités coutumières, il appelle le 18 brumaire un « crime antinational et anti révolutionnaire » ; il stigmatise la guerre aux idées, dont le tyran fit la loi de son règne : « Il impose, dit l'historien, le mutisme aux tribuns, la censure aux jour- naux, le pilon aux livres, la terreur ou l'adulation aux écrivains. Il ferme la bouche au moindre murmure d'une théorie. Il exile tout ce qui ne lui vend ni sa parole ni sa plume ». Après le crime contre la pensée, Lamartine flétrit l'attentat contre la conscience : « Il profane la religion en feignant de l'honorer, il fait du prêtre un magistrat civil et un instrument de servitude chargé de lui assou- plir les âmes ; il met le catéchisme d'un culte d'Etat dans l'Empire, et l'Empereur à côté de Dieu dans le catéchisme de l'Etat ». Enfin Lamartine saisit d'une étreinte vigoureuse ce principe de la gloire sur lequel le tyran avait fondé sa domination ; il montre la poursuite de la renommée l'entraînant à la guerre, à la conquête, aux détrônements, aux dénationalisations. :« Faire de la France l'ennemie irréconciliable du genre humain, voilà son génie à l'extérieur! » Le portrait s'achève en quelques lignes terribles qui semblent vouloir briser une idole dangereuse : « Cet homme, une des plus vastes créations de Dieu, s'est mis, avec plus de force qu'il ne fut donné à aucun homme d'en accumuler, sur la route des révolutions et des améliorations de l'esprit humain comme pour arrêter les idées et faire rebrousser chemin aux vérités. Le temps