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titulaire depuis 1837. Il rédige le feuilleton théâtral au Censeur ; il
écrit des revues locales. Dans celle qu'il fait jouer en 1837, Giboulées de
Mars, il met en scène un dentiste de Lyon, du nom de Chambard, inven-
teur d'un « pain militaire » ; Chambard se fâche et intente un procès à
Boitel, procès qui, au dire de la Fronde, fait vendre la revue incriminée
dont l'auteur n'avait pu écouler jusque-là que 150 exemplaires.
      Il était d'ailleurs trop en vue pour n'avoir pas éveillé quelques jalou-
sies. Le Journal du Commerce, notamment, le malmène quelque peu, le 9
juillet 1837, lui et ses amis, à propos d'une réunion bruyante où ils ont
chanté et dansé comme de joyeux étudiants. Boitel n'est pas nommé
dans ce feuilleton anonyme intitulé « Un souper d'artistes », mais c'est
bien lui qui y représente « le journalisme incarné sous la forme d'un jeune
homme de lettres et de caractères ».
      Il aime en effet se délasser de la besogne journalière en ces réunions
d'amis animées de la gaieté que nous avons perdue. Attablé avec des
intimes, il chante volontiers sa chanson au dessert. En 1841, il sera,
avec Michel Genod, un des fondateurs de « la Chose » petit cénacle de
littérateurs et d'artistes qui banquette mensuellement à Fourvières, au
Pavillon Nicolas. Les trente membres de « la Chose », baptisée par un
jaloux évincé « les Intelllligences », devenue plus tard « les Bonnets de
coton », invitent à leur réunion les célébrités de passage et dans une chan-
son qui nous est parvenue, Mon Rapport, Boitel rappelle, en 1848, la
présence à leur table d'Henri Monnier, de Thalberg, de Desportes,
d'Arago, de Berlioz, de Félicien David, de Frederick Lemaître, de
Déjazet... Souvent on se donnait rendez-vous, à Sainte-Foy, chez le
bibliophile Léon Cailhava, et Vingtrinier a conté comment, un certain
jour, Boitel, toujours distrait, y tomba maladroitement dans une pièce
 d'eau.
      En son logis du quai Saint-Antoine, Boitel recevait des hôtes moins
turbulents ; parmi ceux-ci Sainte-Beuve qui, venu à Lyon en août 1837
pour y retrouver son ami Collombet, se lia à cette époque avec les Boitel.
En regagnant Paris, il se chargeait de remettre à Mme Desbordes-Valmore
des lettres de ses amis lyonnais.