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                  LA CRISE GRECQUE
       ET LA POLITIQUE ORIENTALE

      L'attention de l'opinion publique française a été en ces derniers
 temps appelée à nouveau et brusquement sur les questions orientales
 qu'elle considérait, et bien à tort, comme réglées, sinon définitivement,
 du moins pour un certain temps et d'une manière à peu près acceptable.
      Il ne faudrait pas s'étonner que l'opinion fût assez mal renseignée
 sur l'état véritable des choses en Orient. La presse, ni les sphères offi-
cielles ne l'étaient beaucoup mieux. Le moindre effort a pour tout le
monde des charmes auxquels on ne résiste guère. Des traités avaient été
conclus après beaucoup d'hésitations et de remises : quels qu'ils fussent,
on ne pouvait pas dire qu'ils eussent été bâclés ; on avait, à défaut
d'autre chose, mis du temps à les rédiger. Ils avaient, après de longs
délais, été signés avec toute la solennité qui accompagne les cérémonies
de cet ordre. D'autres préoccupations plus immédiates et plus pressantes
obsédaient et obsèdent encore les esprits. Dès lors on glissait tout natu-
rellement et tout doucement, en ce qui concerne l'Orient, vers un
optimisme tranquille : on éliminait volontairement des problèmes qu'il
eût été gênant, on le sentait obscurément, d'examiner de trop près et on
s'en remettait au temps du soin de remettre les choses dans l'ordre, si
tant est qu'elles n'y fussent pas complètement.
      Je sais bien qu'avec un peu de réflexion, on aurait pu voir que la
guerre continuait en Anatolie et que les troupes grecques avaient à lutter
contre une pression qui n'était peut-être pas très méthodiquement
menée, mais qui n'en demeurait pas moins constante : notre situation
en Cilicie n'était pas très rassurante; nous étions très souvent accro-
chés d'une manière périlleuse et le sang français coulait abondamment
sur une terre qui, aux termes des accords, ne devait pas rester dé-
finitivement entre nos mains. Il n'eût pas été difficile d'en conclure