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                                                   LA

     POLITIQUE COLONIALE DE LAW
      Le I er septembre 1715 mourait Louis XIV. Le conseil de régence,
 qui avait à assumer les charges énormes d'une pareille succession, se
 trouvait en face d'une situation financière obérée au point qu'elle ne
 permettait pas d'entrevoir la possibilité d'une liquidation même hono-
rable (1). La dette s'élevait à environ 3 milliards et demi de livres. La
 caisse de l'Etat ne pouvait disposer que d'environ 69 millions pour faire
face à une dépense annuelle de 147 millions. D'autre part, sur les 69 mil-
lions à encaisser, il y en avait cinq seulement de disponibles, les revenus
de 1716 étaient entamés au point de ne laisser prévoir qu'une rentrée
d'une dizaine de millions, et la moitié de ceux de 1717 était déjà absorbée.
Par la revision des effets royaux, que l'on soumit au Visa et, par suite,
à des annulations ou des réductions, le conseil des finances fit une première
banqueroute que compléta la suppression des offices dont le prix n'avait
pas été totalement acquitté. Enfin, le 14 mars 1716 commençait à fonc-
tionner la Chambre de justice qui, sous prétexte de contrôle sur les
fortunes récemment acquises, se chargea de dépouiller ceux qui depuis
vingt-cinq ans s'étaient enrichis. Ces procédés vexatoires n'eurent qu'un
temps ; la Chambre de justice fut supprimée en mars 1717 et le Conseil
des finances dut employer de nouveaux moyens : la réduction des rentes
et la refonte des monnaies.
     Mais ces mesures n'étaient pas suffisantes pour rétablir le crédit
public et le crédit privé, fatalement compromis. C'est alors que l'Ecossais
Jean Law de Lauriston vint offrir les combinaisons de son système
au régent, le duc d'Orléans. Law qui avait étudié depuis de longues années
le fonctionnement des finances de l'Ecosse, de l'Angleterre, de la Hol-

     (1) Cf. E. Lavisse, Histoire de France depuis les origines jusqu'à la Révolution, tome VIII, 2* partie,
p. 9 et suiv.