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— 27 — d'actionnaires et le conseil d'administration. Il ne faut pas non plus d'im- mixtion dans la direction. L'autorité appartient au chef responsable, elle ne se partage pas, et l'unité de commandement est indispensable sous peine d'anarchie. Mais cela ne veut pas dire que la direction n'ait pas intérêt à entre- tenir avec les ouvriers un contact étroit, pour connaître, non seulement leurs désirs, mais leur manière de voir sur ce qui est de leur compétence et bénéficier ainsi de leur expérience spéciale. On peut donc parler de collaboration ouvrière, ce terme supposant la mise en commun des efforts pour la bonne marche de l'entreprise. Le contact qu'elle implique s'établit directement si le petit nombre des ouvriers et employés le permet. Sinon, il est exercé par l'intermédiaire de délégués. Leur choix doit être soumis à des garanties, pour éviter que ce rôle ne soit pris par les plus violents, qui ne feraient que fomenter le trouble et le désordre. Ce contact existe dans les industries lyonnaises. Dans le tissage, les propositions des ouvriers pour l'amélioration des conditions du travail sont toujours bien accueillies. La Chambre de commerce a même établi des primes pour récompenser les inventions des tisseurs. Il en est ainsi dans d'autres industries et nous pourrions citer telle usine lyonnaise où tous les actes d'administration et de direction sont soumis à un conseil composé des chefs de service et contremaîtres ; il en résulte un souci de la responsabilité favorable à l'initiative de chacun. En même temps, chaque atelier a son autonomie et le chef d'atelier est solidarisé avec ses ouvriers par des primes collectives d'atelier. Ainsi se nouent entre la direction et le personnel des rapports de confiance capables de donner les meilleurs résultats. Dans d'autres établissements fonctionnent depuis un certain temps des conseils d'ouvriers qui servent d'intermédiaires entre leurs camarades et la direction et exercent une action efficace de conciliation. Mais pas plus que pour la participation aux bénéfices, il ne saurait y avoir de type obligatoire uniforme pour ces sortes de conseils d'usine. Nous ne pouvons pas les admettre dans le cadre rigide d'une loi telle que la loi allemande, mais seulement comme des institutions libres et auto- nomes, adaptées aux exigences variées auxquelles elles doivent répondre.