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  La perte qui en résulte pour notre industrie est bien supérieure à celle
  que pourrait représenter pour nos départements vinicoles la concurrence
  des vins espagnols, laquelle, au fond, les gêne bien peu. Ce n'est pas la
 première fois que Lyon est ainsi victime de conceptions étroites ou parti-
 cularistes en matière commerciale. En 1484, les Foires de Lyon, qui
 avaient alors soixante-cinq années d'existence, furent supprimées par
 Charles VII, à la demande des Etats-Généraux de Tours. Ces derniers,
 dans leurs cahiers, avaient invoqué, pour réclamer cette suppression,
 l'exode de la monnaie d'or, favorisé par la fréquentation des marchés
 étrangers. Tant il est vrai que l'histoire n'est qu'un perpétuel recommen-
 cement.
      Attendons-nous donc à voir des cas analogues se présenter fréquem-
 ment. La négociation des accords commerciaux auxquels il faudra bien
 nous résoudre avec nos amis et même avec nos ennemis d'hier, la simple
 fixation des coefficients dont doivent être majorés les droits de douane
 pour rétablir la protection annihilée par le bouleversement des prix,
poseront une foule de problèmes d'une solution mal aisée, pour la discus-
sion desquels devront être entendus tous ceux qui sont capables d'y
apporter des éclaircissements.
      Cette consultation est d'ailleurs quelquefois rendue difficile par
le défaut d'entente entre les industriels. Ils devraient s'efforcer de coor-
donner et d'ajuster eux-mêmes leurs demandes entre elles. Chaque orga-
nisation syndicale exprime ses vœux de son côté sans se préoccuper de
ceux des organisations voisines du même groupe d'industries, avec
lesquels ils peuvent se trouver en opposition. Il faudrait, à côté des grou-
pements horizontaux qui sont la règle chez nous, généraliser des groupe-
ments verticaux dont il existe déjà quelques-uns, réunissant en une
même fédération toutes les professions et industries qui mettent en œuvre
une même matière première et la mènent de l'état brut à l'état fini.
Cette organisation, en apportant de l'ordre dans les réclamations et en
empêchant les contradictions trop fréquentes aujourd'hui, faciliterait la
tâche du gouvernement. Mieux éclairé, il risquerait moins de prendre
des décisions dont l'incohérence est souvent si choquante et si nuisible
à l'intérêt général.