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               MON AMI GABRIEL



                                    « Lalutte est d'ici-bas ; ceux qui
                                 < en sortent triomphants ont le droit
                                 € d'avouer quelques faiblesses. Cela
                                 « ne les abaisse point et peut profiter
                                 « à d'autres. »
                                 Mitas DE tivoMÈBK {Les deux frères).




                             I

    On aime àse retournerquelquefois, aux heures de repos
 et de liberté que laissent les luttes de la vie, pour voir
 ïe chemin parcouru, pour remonter le cours des années
 de la jeunesse et reporter son souvenir vers ce ipassé si
 cher, qui est rendu plus charmant encore par la lointaine
 perspective. C'est un plaisir tout philosophique. On voit
'défiler, comme dans un songe, tous ceux qui ont çjoué
 quelque rôle dans ces événements déjà si éloignés ; on
 se plaît à suivre la trace de ces vieux camarades d'Ecole,
 ces premiers amis qu'on a rencontrés en entrant dans le
 monde. Ceux-oi, dépassant toutes les espérances, par-
 courent aujourd'hui de brillantes carrières, tandis que
 ceux-là ont tout laissé aux ronces duchemin et végètent
•tristement derrière la vitre obscure d'une étude d'avoué.
 D'autres sont morts           Quelques-uns enfin, en bien
 petit nombre, qui, à vingt ans, étaient laborieux, de