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                   LÉON CAILHAVA
            BIBLIOPHILE               LYONNAIS



                              (Esquisse)

    Boitel avait été envoyé à Paris étudier la pharmacie
 dans l'espoir qu'il succéderait à son père, mais celui-ci
 apprenant que son héritier faisait, dans le quartier latin,
 de jolis vaudevilles, des poésies fugitives et des dettes, le
 rappela bien vite à Lyon et le pria de lui servir de pre-
 mier aide dans son officine. Il n'y avait pas à reculer.
M. Boitel père plaisantait peu ; les cordons de la bourse
 étaient coupés ; les fonds n'arrivaient plus. Boitel fils
 baissa la tête et se soumit.
   En ce temps là, madame Desbordes-Valmore, déjà
célèbre, avait été engagée, ainsi que son mari, par la
direction de nos théâtres. Boitel, quoique revêtu officiel-
lement du tablier et des manchettes inhérentes à son
emploi, eut bientôt pris connaissance de ses ravissantes
poésies que toute la France applaudissait et transporté à la
lecture de ses vers, ému des douleurs révélées dans ses
élégies, il rêva de lui être présenté. Comment ? là était
le difficile. Bonne mère et bonne épouse, madame Des-
bordes-Valmore ne quittait la scène que pour se retirer
et vivre modestement dans son intérieur. Etre admis
n'était pas donné au premier venu. Un hasard heureux,
inespéré se présenta. 11 est vraiment une Providence pour

  (1) Voir la précédente livraison.